Du 7 mai au 27 juillet 2025, la galerie milanaise 10 Corso Como accueille l’exposition personnelle de Guido Guidi, intitulée « Quelque part ailleurs », sous le commissariat d’Alessandro Rabottini. Cette rétrospective retrace cinq décennies de pratique artistique, en mettant l’accent sur l’ombre — entendue comme le point de rencontre entre la lumière, l’espace et le temps.
Né à Cesena en 1941, Guidi est considéré comme l’un des photographes majeurs ayant façonné le langage visuel du quotidien en Italie. Son œuvre constitue une exploration méditative des lieux ordinaires et oubliés, révélant une poétique du regard silencieux.
L’exposition ne présente pas de séries classiques, mais des images isolées, extraites de leurs cycles originaux, pour mieux dialoguer entre elles dans un échange visuel subtil. Ces photographies sont unies par la présence de la lumière et de l’ombre — éclats furtifs ou obscurité dense — qui saisissent l’évanescence de l’instant. Chez Guidi, il ne s’agit pas tant de raconter des histoires que de s’attarder sur l’acte même de voir, sur la ligne fragile entre disparition et apparition des choses. On y découvre des panneaux publicitaires vides, des murs nus, des fenêtres sans horizon, des natures mortes proches de l’abstraction.
Les figures humaines apparaissent comme des ombres ou des silhouettes, se fondant dans le décor environnant. Ses images sont empreintes de silence et résonnent avec l’héritage culturel italien — de Piero della Francesca à Antonioni. Pour Guidi, la photographie est un artisanat lent, où chaque détail matériel devient signifiant : une fissure dans un mur, une bande d’asphalte, une ligne de sable deviennent les véritables protagonistes.
L’ombre du photographe lui-même apparaît parfois dans l’image — témoin muet de sa présence et de son geste photographique. Ce n’est pas un simple effet esthétique, mais un manifeste de sincérité, une volonté de capturer la réalité sans artifice. À travers la rigueur de sa démarche et le minimalisme de ses moyens, Guidi révèle la sensibilité discrète de l’ordinaire et propose une éthique du regard. Ses photographies ne parlent pas du passé, mais de l’instant présent, où se cache une beauté souvent inaperçue.
Photos : Jacopo Menzani