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Au delà des maux par Layticia Audibert

by Marie Odile Radom
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layti_0001[1]« Dommage collatéral », « Lames soeurs » ou « En plein coeur » ne sont pas les derniers titres de la rentrée littéraire mais ceux des oeuvres de Layticia Audibert, jeune peintre contemporain dont la côte ne cesse de monter.

Layticia exprime sur ses toiles ses sentiments et sa propre vision du monde qu’elle accompagne également de ces mots. Plume alerte et taquine, elle nous explique ainsi ses oeuvres très inspirées, parfois de ses maux mais toujours de sa joie de vivre, inaltérable. Utilisant des matériaux bruts, des couleurs minimalistes mais également des matériaux plus inattendus (couvertures de magazine, plumes..), la jeune artiste n’a de cesse de nous convier dans son monde, comme elle nous l’a montré lors du nouveau vernissage de son exposition le 3 décembre 2009 à la Galerie Artélano à Paris.

Elle se réinvente dans chaque toile et ainsi nous parle d’elle, de sa douceur mais avant tout de nous …

Layticia, touche à tout et s’exprimant par tous les moyens mis à sa disposition, a commencé à s’exprimer à travers la peinture il y a deux ans de celà. La sensibilité et la poésie qui transparaissent à travers ses oeuvres lui permettent rapidement se faire connaître. Elle a su au fil du temps transcender la douleur qui l’avait emmenée à la peinture pour aller bien au delà.

La première fois que j’ai rencontré Layticia, j’ai tout de suite attirée par l’être humain. J’avais déjà pu apprécier ses oeuvres sur son site et j’étais assez impatiente à l’idée de les voir de mes propres yeux. Invitée à un des ses vernissages,  je me suis retrouvée à attendre juste derrière un groupe d’amis proches, par hasard. Elle a embrassé chacun et on s’est retrouvée l’une devant l’autre. Elle ne me connaissait pas et elle m’a embrassée dans la foulée. Et c’est tout Layticia, beauté, émotions et joie de vivre réunies. Depuis elle fait partie de ma vie.

Et j’ai la chance de pouvoir partager avec elle des moments de bonheur, de joie et de douceur. Et ce sont ces moments-là que je retrouve également dans ces toiles ainsi que ses coups de gueule. J’ai eu une fois le privilège de voir une toile non terminée mais l’idée était déjà là, forte et vibrante. Mais laissons la place à l’artiste pour qu’elle nous parle d’elle…

Autodidacte, tu es venue à la peinture comme on rentre dans une histoire d’amour, racontes-nous  ton parcours ?

En l’occurrence c’est en sortant d’une histoire d’amour que je suis rentrée en peinture, comme on rentre en religion. En sacerdoce.  Mais c’est également, et concomitamment,  parce que mon amour a été touché au plus profond, l’amour envers ma sœur qui a eu un accident grave, que les mots et mes maux sont sortis par mes pinceaux. Rien ne me préparait à cela, aucune formation, aucune idée même de l’idée de peindre. Je suis avocat de formation, aspirant écrivain, et je n’avais jamais envisagé de peindre. Mais c’est arrivé et c’est sans doute ce qui m’a permis de transcender cette expérience douloureuse et de transformer la douleur en « art ». Aujourd’hui cela va au-delà, c’est partager des émotions, donner et recevoir de l’amour, de l’enthousiasme, de la joie de vivre, questionner, surprendre, interpeller, rendre beau, interroger. C’est l’affirmation du fait d’avoir la chance d’être en vie.  Et cela se fait par le prisme de mes toiles mais aussi des mots qui en sont indissociables. C’est ce que j’appelle la Poéture, un mélange de poésie et de peinture…

Le milieu de l’art parisien est-il si fermé qu’il en a l’air au premier abord ?

 Je ne me sens pas habilitée à répondre à cette question car je ne me considère pas vraiment comme faisant partie du milieu de l’art parisien. Je suis un électron libre. Je me considère comme extrêmement privilégiée de rencontrer un public, de toucher des gens, de partager cette aventure avec eux. Pour moi c’est tout ce qui compte.

IMG_6857h Layti[1]Quelle est ton œuvre qui te parle le plus à l’heure actuelle, ou plutôt celle pour laquelle tu aurais une préférence, un souvenir particulier ?

Toutes mes toiles me parlent et tentent de parler aux autres. Je dirais qu’étrangement la toile qui a l’histoire la plus évocatrice n’est pas celle qui représente mon style habituel de travail. C’est en effet une toile figurative qui s’appelle « Dommage collatéral ». Il s’agit d’un autoportrait. Il me représente en train de pleurer. Il y a réellement mes larmes dans cette toile, au sens propre. C’est un tableau que j’ai fait en vingt minutes, d’un jet. D’un cri. Un des tout premier. J’ai longtemps hésité avant de l’exposer à mon tout premier vernissage car il avait beaucoup de sens pour moi, il était très intime. Puis je me suis finalement décidée à l’exposer parce que c’est cela aussi l’art, faire une toile qui ensuite se propage et ne vous appartient plus. C’était aussi une façon de lâcher prise avec son histoire. Et c’est le tout premier tableau qui a été vendu ce soir là. Il s’agissait d’un acheteur anonyme. Trois semaines plus tard en me rendant à mon bureau je l’ai retrouvé dans le couloir qui y mène. L’acheteur anonyme était en fait la personne et amie pour laquelle j’ai la chance de travailler. Elle ne connaissait pas l’histoire de ce tableau. Aujourd’hui, je passe tous les jours devant. Il est pour moi comme un curseur qui me permet de mesurer le chemin parcouru, la route qu’a fait cette femme qui pleurait. Cela me rappelle d’où je viens. Tous les jours. Et je retrouve aussi dans ce regard la détermination qui existait déjà à l’époque, cette détermination à regarder l’avenir.

 Touche à tout, la peinture n’est pas ton unique moyen d’expression, écrivain (je n’aime pas le terme écrivaine car il contient vaine), rédactrice pour un magazine de design et un magazine de mode, tu ne te limites pas et les aborde tous. Quel est celui qui te parle le plus finalement ?

Il n’y a pas un domaine qui me parle le plus. Ils sont les éléments d’un tout. Mon métier dans le droit est important et me permet d’être en prise avec la « réalité ». Et puis j’aime ce métier et les personnes avec lesquelles je travaille. Quant à l’écriture, même si mon roman est terminé, il doit d’abord passer le cap des maisons d’éditions. Je ne suis donc qu’aspirant écrivain. Quant au journalisme, cela me donne la chance de partager des expériences, des coups de cœur, des moments de vie. Je ne me considère pas comme exerçant ce métier à part entière. J’ai saisi l’opportunité qui m’était donné avec le privilège de le faire quand je le souhaite. Et enfin la peinture est pour moi l’occasion de vivre une aventure magnifique et de partager au quotidien une foule d’émotion.

Aucun de ces mondes n’est étranger à l’autre, ils communiquent entre eux, ils sont les passerelles qui me permettent d’être dans le monde tout simplement et de communiquer ma soif de vivre et mes passions. Et pourquoi pas de les transmettre. Quand mes émotions rencontrent les émotions des gens, c’est la plus belle des récompenses.

 Existe-t-il une autre forme d’expression que tu souhaiterais aborder ?

Tout m’intéresse. J’ai une curiosité insatiable. Pourquoi pas la comédie, le chant… Je me suis mise récemment à la guitare mais je suis tout sauf douée et mon prof et au bord de la crise de nerf (rire). A vrai dire je me moque d’être douée ou pas, ce qui compte pour moi c’est goûter, essayer, approcher. La peinture est venue alors que je ne m’y attendais pas. Aujourd’hui je ne m’attends à rien de particulier, je crée ma vie tous les jours, on verra où mène ce chemin. Ce qui compte c’est de faire que la route soit belle, peu importe la destination. Je suis ici et maintenant avec gratitude. Pour le reste, à suivre au prochain épisode des aventure de Layti…

layti_trailer_0005 Considères-tu être aller définitivement au-delà de tes maux ou plutôt au-delà de tes émotions ?

Oui je suis allée au-delà de mes maux. Absolument, puisque ces derniers se sont transformés en peinture et ma peinture est elle-même devenu à part entière un moyen de sublimer tout cela. Ma communication et mon envie de partage ne se situent pas dans les maux. Même s’ils en ont été la source initiale, ce n’est pas ce que j’ai néanmoins voulu partager. Mes maux sont dans la relation de moi à moi. La peinture est un vecteur qui dépasse de loin cette relation.

Quant à aller au-delà des émotions, je dirais que non. Je ne veux pas aller au-delà, je veux être dans l’émotion. Parce que c’est l’émotion qui compte. L’émotion concrétisée par l’action de l’œuvre, par l’expérience de l’œuvre comme une expérience de vie. Et qu’y a t il au-delà de l’émotion  d’ailleurs ?…

J’espère que ces petits mots d’artiste vous ont convaincu et je vous invite à aller voir ses oeuvres jusqu’au 30 janvier à la Galerie Artélano à Paris et si vous ne pouvez vous déplacer à visiter son site.

Exposition Galerie Artelano jusqu’au 30 janvier 2010

54 rue de Bourgogne

75007 Paris

Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 19h

Le samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h

www.artelano.com

www.layticiaaudibert.com

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2 comments

Matt 6 janvier 2010 - 15 h 40 min

Bravo, jolie itw 🙂

céline 8 janvier 2010 - 21 h 00 min

Un beau titre d’interview de la simplicité un portrait par petite touche
Merci

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