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DIOR Automne Hiver 2017

by pascal iakovou
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Placer l’art au cœur de sa vie. Exprimer qui l’on est à travers une série de gestes qui marquent les mémoires. Être inoubliable.

C’est au XIXème siècle, au cœur de la grande et moderne Paris, lieu de liberté et d’attraction pour les artistes et intellectuels décrit par Charles Baudelaire et plus tard par Walter Benjamin, que le vêtement devient, pour la première fois, une composante essentielle de la mise en scène de sa propre personnalité, et ce aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

Ce sont d’abord les bohèmes qui, par leur façon de s’habiller, ont exprimé leur indépendance. Leur vie pousse le romantisme au paroxysme, à mi-chemin entre œuvre d’art et performance. Tout comme les Beautiful Losers d’Aaron Rose et Joshua Leonard, ces néo-bohémiens du Los Angeles d’aujourd’hui pour qui rien n’a d’importance, qui s’opposent à l’art dominant et prennent part à de nouvelles formes de street art, pétries de protestation et de mysticisme.

Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections féminines de la maison Dior, s’est inspirée de ces thèmes pour dessiner la collection automne 2017, en gardant à l’esprit cette nouvelle génération de femmes qui s’adaptent au rythme de la ville contemporaine, bien décidées à affirmer leur singularité. De cette circularité pleine d’inventivité, de cette façon de voir les choses rétrospectivement et d’avancer selon un vagabondage continu que l’on retrouve à la fois dans la mode et dans l’art, de cette façon de réunir, de manière analogique et loin de toute logique, les éléments les plus divers (styles, corps, musculatures, objets, cris, mots, indices, couleurs, postures), est née une série de pièces pouvant être composées et recomposées dans un style à chaque fois personnel.

Une décontraction qui s’accompagne cependant d’une recherche de singularité tournée vers les détails, tantôt brodés, tantôt cousus, tantôt imprimés. C’est le contraste entre la lueur profonde du velours noir des plastrons et la transparence de la dentelle ou du voile qui enrobe le corps. Ce sont les broderies qui rappellent la tradition de la Maison mais aussi les motifs ethniques abstraits, dans leur richesse chromatique ou naturaliste, tel ce grand arbre de vie qui prend forme sur les jupes, les manteaux et les vestes.

C’est aussi le tailleur Bar que Maria Grazia Chiuri n’a pas peur d’utiliser comme un support capable d’accueillir tous les ornements possibles pour s’assortir avec les différents éléments de la garde-robe actuelle, tels que les jeans ou les pulls fluides à col montant. Ou encore ces couleurs anciennes empreintes de nostalgie, comme le vieux rose, qui font toute la perfection d’un vêtement, jusque dans les détails. C’est en n cette interprétation de la cape à capuche s’ouvrant sur une robe de tulle de ce gris si cher à Monsieur Dior – un bleu- gris riche et chatoyant – ornée de broderies brillantes qui nous rappellent qu’aujourd’hui, le vêtement n’est rien d’autre qu’une sorte de dispositif capable d’influencer cette énergie si particulière, comparable au plaisir poétique, qui s’immisce dans le corps et détermine notre attitude.

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