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Cent portes battant aux quatre vents
Steinunn Sigurdardottir
Havre de paix, couverture nuageuse partielle, Mercredi 20 avril 2011,Je déjeunais dans un restaurant de la place Toudouze lorsque je découvris ce qui manquait. Un amant. Un amant pour de vrai, avec mots doux, imposition des mains et tout le saint-frusquin. Comment n’y avoir pas pensé plus tôt ?
Pourquoi avoir ressassé pendant vingt-cinq ans un amour impossible ? Et pourquoi, tout ce temps durant, s’être imposé une désespérante vie sans chair, désolée et blanche ? De retour à Paris, Brynhildur se remémore ses années de jeunesse, les eaux froides où l’irrésistible Islandaise a perdu son professeur de grec, et son érotisme avec. Sur le ton d’une confession indécente, un esprit libre et narquois fait le bilan d’une vie dont l’amour est la clé. L’amour est son manque.
/a.mɔ̃.nœ̃.bla.vi/
Cela fait déjà quelques années aujourd’hui que public et critiques s’enthousiasment devant, plus seulement les polars, mais toute la scène littéraire venue de cette terre de glace qu’est l’Islande. On a donc – cela va sans dire – voulu essayer, histoire d’appréhender ce qui créait cet enthousiasme durable et presque monomaniaque pour l’île nordique.
Sur la quatrième de couverture, il y avait écrit : « Rieuse, insolente, Steinunn Sigurdardottir explore en magicienne les troubles de la passion et les outrages du temps ». La phrase aurait pourtant dû nous alerter, mais c’est plutôt confiants que nous avons entrepris la lecture du livre…
Il semblerait que taxer l’ouvrage d’un écrivain islandais par un « Cela manque cruellement de réalisme ! » soit une vraie offense. Et pourtant… Du début à la fin, l’histoire de cette femme, à l’âge des bilans du coeur, ne tient – même pas un chouïa – debout, et (pire) déplace presque la notion de rêve du côté du comique de situation.
La scène de l’achat du paravent à « cinq mille francs, pour vous » (p. 26) qui se transforme en orgie sexuelle dans la caverne secrète d’Ali-Baba gagne sa place de numéro 1.
L’ouvrage, construit autour d’un triptyque amoureux (« Ali-Baba », le professeur de grec abstinent et/ou frigide et/ou pervers, et enfin Bardur), est d’un ennui à toute épreuve. En effet, les figures masculines qu’on aimerait voir porter le texte de par leur charisme ou encore leur façon singulière d’investir la vie du personnage principal (quelle qu’en puisse être la durée) se superposent les unes aux autres dans une parfaite indifférence.
On reprochera aussi à l’ouvrage, malgré son faible nombre de pages, de sembler excessivement long compte tenu de l’absence totale de rebondissements et cette forme de mélancolie molle qui semble avoir jeté son dévolu partout.
Elisa Palmer
Cent portes battant aux quatre vents
Steinunn Sigurdardottir
Editions Héloïse d'Ormesson
15€
124 pages
5 comments
Attention, critique violente… « les figures masculines … se superposent les unes aux autres dans une parfaite indifférence ». Qu’attendez-vous de plus de la part des hommes (dans ce livre) ?
Christine Ferniot avait pourtant fait une critique pas trop mal de l’ouvrage : http://www.telerama.fr/livres/cent-portes-battant-aux-quatre-vents,66649.php
« L’écriture serrée, minimaliste de ce roman contraste avec la liberté sensuelle de son héroïne, le réalisme de ses désirs et la cruauté de son regard sur un temps passé trop vite. »
Chère Elisa, vous me mettez dans l’embarras…
Toi, je te reconnais bien là. Je suis fan quand tu critiques…
XXX
S.
Elisa,
Faut lire la place du coeur, vous reviendrez peut-être sur votre jugement…
http://shereads.canalblog.com/archives/2011/02/09/20349522.html
Sylvaine
Grand merci pour cet article 🙂
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