l est rare qu’une édition limitée parvienne à dépasser son statut d’objet transactionnel pour devenir le support d’un discours écologique cohérent. En invitant le designer polonais Marcin Rusak à réinterpréter son Blanc de Blancs, la Maison Perrier-Jouët ne cherche pas tant à habiller une bouteille qu’à matérialiser une conviction : celle de l’interdépendance des espèces au sein du vignoble. Cette collaboration s’inscrit dans une continuité logique pour une Maison qui, depuis 1811, a fait de la botanique sa grammaire esthétique et technique.
Marcin Rusak, figure de l’AD 100 et lauréat du prix EDIDA Elle Decoration 2022, n’est pas un illustrateur, mais un chercheur de matière. Formé au Royal College of Art de Londres , il est connu pour ses travaux sur le vieillissement et la transformation des éléments organiques, une démarche déjà exposée au Musée Victor Horta ou à Alcova. Pour ce projet, il livre une vision personnelle de l’herbier, dessinant un écosystème où les plantes s’entremêlent, illustrant visuellement les liens invisibles qui régissent la biodiversité champenoise. Le trait n’est pas décoratif ; il est didactique, rappelant que la vigne ne prospère jamais seule.
Cette approche artistique trouve un écho direct dans les pratiques viticoles de la Maison. Depuis 2021, Perrier-Jouët expérimente la viticulture régénératrice sur vingt-huit hectares, cherchant à restaurer la structure des sols et à favoriser la biodiversité. La cuvée Blanc de Blancs, hommage au Chardonnay signature, incarne cette recherche de pureté et de précision. Au palais, cela se traduit par une minéralité ciselée et une attaque vive, où les notes de pivoine et de chèvrefeuille rencontrent la rigueur du gingembre et du poivre blanc. Une construction liquide qui, à l’image du travail de Rusak, allie la fragilité du floral à la persistance de la structure.
