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SERGE LUTENS – LA COUCHE DU DIABLE

by pascal iakovou
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La Couche du Diable

Dans cette fragrance Monsieur Lutens donne sa propre interprétation du Oud.

« De l’infâme, il revêt la livrée : une longue cape noire ouverte sur le rouge d’un collant gainant le corps et le crâne. De la découpe de cette cagoule se détache une figure. Prenant appui de la racine du nez jusqu’au plus haut des tempes, un sourcil oblique grimace le portrait de Satan. Pas plus qu’aujourd’hui une tête de mort ne nous effraie, cette image surannée venue du fond des âges n’incarne le goût du pêché. À qui profite le crime, à celui qui s’avoue ? Mais comment l’innocent pourrait-il se déclarer coupable ? Et pourtant…

Quand le vase trônant sur le manteau de cheminée tomba, le bruit étouffé du verre sur le tapis fit accourir la mère. L’enfant tenait encore en mains le napperon, responsable de la chute. Comme une offrande offerte aux dieux, elle remonta l’objet à plat sur ses deux mains. Dans un monologue qui ne semblait prendre fin, elle répétait :

– C’est pas possible, c’est pas possible !

Sa voix était sourde. Savait-elle elle-même qu’elle parlait ? Peut-être s’adressait- elle à la fêlure qui traversait sa vie.

– C’est pas possible…

Mais ce n’était qu’un vase. Jamais de mémoire, ni hampe, ni tige afin d’un bouquet, n’avait vu en son eau s’ouvrir une fleur.

– Regarde ce que tu as fait !

Des yeux, elle fixait les doigts qui pinçaient le feston du napperon. Lorsqu’on est âgé de quatre ou cinq années, on accorde une âme à chaque chose.

– Et ça, qu’est-ce que c’est ? dit-elle en avisant la dentelle.
– Du dessus de la cheminée elle bavait. C’est pas moi, c’est ma main. C’est le vase – qui est tombé…

Elle se tut mais cet intime reproche ne quitta pas l’enfant. Il se mua en remords. Là est la couche du diable. Il dort sur de la braise. »

Serge Lutens

Disponible dans les boutiques du Palais Royal et Saint-Honoré et sur sergelutens.com
À partir de septembre 2019, dans les parfumeries sélectives et grands magasins.

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