Home ModeFashion Week Haute-Couture Automne/Hiver 2018-19 : Jour 2 La bête humaine

Haute-Couture Automne/Hiver 2018-19 : Jour 2 La bête humaine

by Manon Renault
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Entre pénombres sous-marines et lumières tropicales, la femme Haute-couture n’est plus qu’un faisceau, une longueur d’onde. Une sorte de corps lumière : un variateur d’ambiance. Elle se fond dans un paysage animal. Les pièces ne se contentent pas d’évoquer la faune à travers des imprimés. Les mannequins sont littéralement métamorphosées en créatures sauvages. Chez Schiaperalli, Bertrand Guyon puisse dans les archives de la maison en rendant hommage aux créatures surréalistes qu’Elsa Schiaperalli protégeait. Entre temps, le flamant Rose a éparpillé ses plumes un peu partout. Si sa couleur évoque à la fois le bonheur, la féminité , l’homosexualité, l’érotisme il a perdu de sa vigueur chez DiorUn retour de la panoplie « élégante en tailleur ». Un « rétro fantasme » peu fantasque, paradoxalement vu sur des écrans 4.0.  La technologie nous bouffe ? Une énième panique morale, qui fait suite à tant d’autres. Le temps s’accélère et le luxe ultime est d’atteindre l’a-temporalité. Quelque chose d’inaltérable, qui prend du temps a être confectionné et reste.
Au fil des défilés, le récit se confirme. Les femmes qui sont retenues sont celles qui évoquent la lenteur. En même temps, ce sont celles qui demeurent et  finissent par s’apparenter à des végétaux. Soit des êtres dont les racines sont perceptibles. Des êtres que l’ont peut astreindre. Des être inoffensifs ? Les femmes haute-couture 2018 sont-elles le dernier refuge d’un monde ou tout va trop vite?

La mode dépasse t-elle le dualisme nature-technique ?  

La question : En 2018 comment la mode réinvente le discours autour de la nature en évitant la fantaisie de l’éden original ?


Maurizio Galante : La nature déesse des cultures

Une collection biopolitique ou bioéthique? Pour son retour sur les podiums haute-couture Maurizio Galente décide de travailler au carrefour des savoirs-faire- notamment en invitant une association d’aide aux enfants précaires (AMESIP). Intitulée “Rabat Cipango. Carnet de Voyage”, cette collection colorée souligne la richesse des hybridations culturelles. Après 13 ans à l’ombre des podiums, le  créateur Franco-Italien fait un éloge à la lenteur. La femme se confond à une tige de blé, ou un brin d’herbe. Soit  des éléments du décors, encore pures, encore intacts. Des éléments qui ne sont pas souillés par la technique et ses pesticides. En 2018 la femme passe de vénale à végétale ?  Si la nature se détériore, il semble qu’il soit du rôle de la femme de l’entretenir. En 2018, Maurizio Galante ne choisit pas de la grimer en ménagère bonne jardinière, et remonte à quelque chose de plus ancien. Un temps ou la représentation de la femme en déesse de la nature était synonyme de pouvoir et non de domesticité. 

IRIS VAN HERPEN : Cyborg de la mode

Chaque saison, le travail d’ Iris Van herpen est scruté. En introduisant la technologie au coeur de l’expérience couture, elle travaille avec virtuosité les limites entre la nature et la technique. Une véritable Donna Haraway ( sociologue, féministe auteur du manifeste Cyborg ) de la couture. Si ses créations sont affublées de l’adjectif futuriste, elles sont tout simplement le récit de la condition humaine au présent. Les cyborgs ne sont pas l’avenir de l’humain. Nous sommes des organismes qui vivons dans un rapport nécessaire à la technique. Et ce depuis toujours. Le robes d’Iris Van Herpen dotent l’humain de ce que la nature a négligé. La « syntopia » s’achève par une parade de paon. Un symbole d’immortalité.

 Romance was born : nouveaux tropiques

Boule disco, et planchet de gymanase: il ne manque plus qu’un accord de guitare, la voix du groupe Chicago « If you leave me Kwow » pour se plonger dans le rêve du bal de promo outre-atlantique. Mais Luke Sales et Anna Plunkett ne présentent pas des beauty queen en robe d’orgenza, et n’ont rien d’américains. Non, le duo australien habille des oiseaux multicolores de capes brodées et de larges manteaux. Chez Romance was born, la femme est un oiseau rare : elle pioche dans les arts et cultures qui l’entourent. Si le flamand rose de Schiaparelli rend hommage au patrimoine surréaliste français, le duo australien crée devant nos yeux sa propre histoire du surréalisme. Oui , la couture australienne existe, et elle est colorée et cultivée.


Le récit de l’éden est rarement progressiste. En ramenant la femme à des végétaux , des minéraux, des fossiles , la question du retour en arrière, en ce qui concerne la condition féminine peut être questionnée. La couture transcende cela quand elle incorpore de nouvelles techniques, de nouvelles esthétiques et des couturiers de nouveaux horizons. A New Romance australienne is Born, et Nourredine Amir est le premier créateur marocain figurant au calendrier. Ce dernier évoque  » la beauté immuable des fonds marins » à travers des robes architecturales sculptées de tubes de mousseline. Les coraux sont bel et bien vivant car  ils ont su muter et faire de la technologie une force. 

Noureddine Amir Détails

Noureddine Amir Détails

 

 

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