L’argent sterling 925 remplace le laiton, le diamant de synthèse s’impose comme pierre précieuse à part entière. Avec Kythera, Agapée franchit un seuil symbolique qui redéfinit les codes d’une joaillerie accessible sans compromis sur l’exigence. Fondée en 2019 sous l’impulsion d’une fascination pour les civilisations anciennes, la maison parisienne ne cesse d’affiner son vocabulaire esthétique : surfaces martelées, courbes organiques, finitions plaquées or 18 carats. Cette nouvelle collection marque toutefois une rupture matérielle assumée, une migration vers des fondations plus nobles et une éthique cristallisée dans chaque gemme.





















Mutation des matériaux, affirmation d’un luxe responsable
L’évolution vers l’argent sterling 925 n’est pas anodine. Là où le laiton, alliage robuste et malléable, constituait le socle historique des créations Agapée, l’argent offre une qualité hypoallergénique et une durabilité accrue, tout en conservant l’écrin doré signature. Ce changement répond à une exigence du marché CSP+ urbain, sensible à la traçabilité et à la pérennité des pièces qu’il acquiert. Le plaquage or 18 carats demeure, préservant cet éclat chaud et méditerranéen qui caractérise l’ADN de la marque.
Mais l’innovation la plus saillante réside dans l’introduction des diamants de laboratoire — véritables gemmes aux propriétés physiques, chimiques et optiques identiques à celles des diamants extraits. Agapée sélectionne des pierres d’une pureté exceptionnelle (couleur DEF, clarté VS), garantissant brillance et transparence. Chaque diamant est serti à la main, réaffirmant la dimension artisanale d’une production qui refuse l’industrialisation à outrance.
Les pièces phares : fleurs martelées et lumière captive
Les boucles d’oreilles Zinnia (136 euros) se déploient en cinq pétales finement froissés, couronnés d’un diamant de synthèse. Leur géométrie organique évoque autant les herbiers antiques que les recherches contemporaines sur la biomimétique en design. Le collier Zinnia (142 euros) et le collier Narci (186 euros) prolongent cette esthétique florale, variant le nombre de pétales — cinq pour Zinnia, trois pour Narci — tout en conservant le sertissage manuel central.
Aux côtés de ces créations ornées de diamants, la collection intègre des pièces en laiton plaqué or : bagues Maria Mini en trois tonalités (marron, céladon, vert foncé) à 86 euros, bague Meli (86 euros), boucles d’oreilles Atela (72 euros) et Meli (82 euros), ainsi que la bague Calia en argent plaqué or (112 euros). Cette stratification des matériaux permet à Agapée de toucher plusieurs segments de clientèle sans diluer sa proposition esthétique.
Contexte historique et savoir-faire : un héritage revisité
Le nom même de la collection, Kythera, renvoie à Cythère, île grecque consacrée à Aphrodite dans la mythologie antique — divinité de l’amour, de la beauté, du désir. Ce clin d’œil étymologique n’est pas fortuit : Agapée tire son nom d’agapē, terme grec désignant l’amour universel et désintéressé. Cette filiation linguistique et symbolique ancre la marque dans une tradition millénaire, tout en l’inscrivant résolument dans une modernité formelle.
Le martelage, technique ancestrale de mise en forme du métal, confère aux pièces une texture irrégulière qui capte la lumière de manière diffuse, évitant l’éclat froid et uniforme des finitions polies industriellement. Chaque coup de marteau laisse une empreinte unique, transformant chaque bijou en exemplaire singulier malgré une production en série maîtrisée.
Le diamant de laboratoire, rupture ou continuité ?
L’adoption du diamant de synthèse par Agapée s’inscrit dans une tendance de fond du secteur joaillier. Si les maisons de haute joaillerie historiques demeurent majoritairement attachées aux gemmes naturelles pour leur rareté géologique, de nombreux acteurs émergents — notamment dans le segment « fine jewelry » accessible — embrassent cette alternative éthique. Les diamants de laboratoire, créés par reproduction des conditions de pression et de température du manteau terrestre (procédé HPHT) ou par dépôt chimique en phase vapeur (CVD), ne génèrent ni déforestation ni exploitation minière controversée.
Toutefois, leur empreinte carbone et énergétique reste discutée : si la production évite les dégâts écologiques de l’extraction, elle nécessite une consommation électrique significative. Agapée ne communique pas sur les certifications environnementales de ses fournisseurs de diamants de laboratoire, laissant cette zone dans une relative opacité.
Positionnement prix et accessibilité assumée
Avec des pièces oscillant entre 72 et 186 euros, Agapée se positionne résolument dans le luxe accessible, segment en pleine expansion porté par une génération de consommateurs désireux de qualité sans le coût prohibitif des griffes historiques. Ce prix démocratique n’empêche pas une proposition esthétique cohérente et une montée en gamme matérielle. La boîte à bijoux (prix non communiqué dans le lookbook) vient parachever l’expérience, offrant un écrin raffiné aux créations.
Réception et distribution
Fondée en 2019, Agapée a construit sa notoriété principalement via le e-commerce et les réseaux sociaux, captant une clientèle urbaine, féminine (majoritairement 25-34 ans selon les données Luxsure), sensible à l’esthétique vintage revisitée et à la traçabilité. La collection Kythera, disponible sur le site officiel www.agapee-jewelry.com, bénéficie d’une communication visuelle soignée : shooting mettant en scène les bijoux sur des tiges végétales (lotus, renoncules), renforçant l’imaginaire organique et méditerranéen.

