Lorsque les vestiges visuels de l’Akihabara des années 2000 s’entrelacent aux codes cyber-punk et à l’innocence grotesque du kawaii, l’univers de KIDILL prend toute sa force. Pour sa collection Printemps-Été 2026, Spiritual Bloom, Hiroaki Sueyasu livre une vision polymorphe et sentimentale du vestiaire urbain japonais, en convoquant la mémoire culturelle de Tokyo comme moteur de création.
Inspirée par les sous-cultures otaku, longtemps marginalisées, la collection célèbre l’imaginaire exagéré et totalisant des années 1990 et 2000 : maid cafés, robots géants, armures miniatures… KIDILL embrasse cette esthétique intense, qui amplifie la réalité à 200%. Les collaborations renforcent cette immersion : un partenariat inédit avec Tatsunoko Production revisite les icônes de l’animation japonaise comme Gatchaman ou Speed Racer, tandis que le studio CTCTYO livre des pièces aux accents de sculptures tactiques, fusion d’accessoire, d’armement et de design de combat.
Le vestiaire se transforme alors en terrain d’expérimentations hybrides. Silhouettes aux volumes flous ou acérés, matières mêlant caoutchouc et résine acrylique, finitions évoquant les figurines articulées, motifs floraux pullulants et armures cybernétisées… Le tout mis en scène dans une tea party hautement codée, alliant chocolat japonais d’auteur et dégustation de thés, dans une célébration de l’hospitalité nippone.
Le langage de Sueyasu est un tressage d’opposés : punk et poésie, noirceur et lumière, couture et cosplay. À travers cette collection manifeste, il continue de subvertir les normes culturelles, infusant dans chaque pièce une charge émotionnelle viscérale. Spiritual Bloom incarne moins un thème qu’une mutation : celle de la mode comme champ de métamorphoses culturelles, où le fantasme devient silhouette.































