Dans la pénombre new-yorkaise de ce dimanche 26 octobre 2025, le Rockefeller Center s’est mué en théâtre d’un geste rare : celui d’une marque qui choisit de parler chaleur humaine plutôt que performance thermique. Moncler, maison née dans les Alpes en 1952 pour protéger alpinistes et travailleurs de montagne des rigueurs hivernales, a convié le public à une célébration intimiste et publique à la fois, autour de son ambassadeur Tobe Nwigwe. Le rappeur texan d’origine nigériane y a livré la toute première interprétation scénique de sa réinvention de « Lean on Me », classique intemporel signé Bill Withers en 1972, devenu bande-son de la campagne mondiale « Warmer Together ».
Cette performance s’inscrit dans un dessein stratégique plus vaste. Moncler, depuis sa fondation il y a plus de soixante-dix ans, a toujours articulé son discours autour d’une promesse de protection contre les éléments. Pourtant, sous la gouverne de Remo Ruffini, président-directeur général de la maison, l’ambition transcende désormais le simple registre technique pour embrasser une dimension émotionnelle et sociétale. La campagne « Warmer Together », dévoilée en octobre, réunit pour la première fois à l’écran deux légendes hollywoodiennes liées par une amitié de plusieurs décennies : Al Pacino et Robert De Niro. Photographiée en noir et blanc par Platon, figure tutélaire de la photographie de portrait contemporaine, cette collaboration évoque cinq thématiques fondamentales – amitié, respect, connexion, confiance et chaleur – qui résonnent bien au-delà des codes publicitaires traditionnels.





Tobechukwu Dubem Nwigwe, dit Tobe, incarne à bien des égards cette même authenticité relationnelle. Originaire du quartier d’Alief à Houston, ce fils d’immigrés nigérians de l’ethnie Igbo aurait pu devenir linebacker professionnel à l’université de North Texas, si une blessure au ligament de Lisfranc n’avait brutalement interrompu son ascension sportive. Reconverti dans la musique grâce aux encouragements du conférencier Eric Thomas, Nwigwe a bâti sa notoriété sur la régularité et l’authenticité, publiant chaque dimanche depuis août 2016 un morceau original accompagné d’une vidéo sur les réseaux sociaux. Cette discipline, baptisée #gettwistedsundays, lui a valu l’attention de Michelle Obama – qui a intégré « I’m Dope » à sa playlist d’entraînement – et de Beyoncé. Son rap, dépourvu de vulgarité et de violence, véhicule un message consciencieux ancré dans ses racines culturelles et une volonté de « rendre la finalité populaire » (make purpose popular).
Au Rockefeller Center, vêtu entièrement de pièces Moncler, Tobe Nwigwe est monté sur scène aux côtés de son épouse Martica Ivory, alias Fat Nwigwe, complice artistique et pilier de son identité visuelle. Ensemble, ils ont interprété une sélection de compositions originales avant de conclure avec leur relecture moderne et soulful de « Lean on Me », enregistrée en collaboration avec David Michael Wyatt. Ce chant d’entraide et de solidarité, hymne universel à l’amitié dans les moments difficiles, épouse parfaitement l’esprit de la campagne Moncler. Disponible en streaming sur l’ensemble des plateformes musicales depuis le jour même, le morceau prolonge une conversation entamée par Pacino et De Niro dans les films de la campagne, où l’on entend le premier déclarer que l’amitié constitue « la plus grande chose que l’on puisse avoir », tandis que le second affirme que « la chaleur n’a jamais été une question d’extérieur, mais de ce qui se passe à l’intérieur ».
Autour de la célèbre patinoire, les New-Yorkais rassemblés ont assisté à une prestation joyeuse et émouvante, rappel vibrant que la véritable chaleur se trouve, et se trouvera toujours, dans le collectif. Du 25 au 26 octobre, une galerie en plein air installée aux Channel Gardens a permis aux visiteurs de découvrir les portraits en noir et blanc de Pacino et De Niro, célébrant non seulement leur amitié durable, mais aussi la ville elle-même – réunissant ainsi trois icônes new-yorkaises incontournables.
Cette activation s’inscrit dans une continuité narrative soigneusement orchestrée par Moncler pour tisser des liens durables avec le public new-yorkais. En 2022, la marque avait célébré son soixante-dixième anniversaire avec « The Extraordinary Expedition », exposition multisensorielle présentée au Highline Stages. L’année suivante, Moncler investissait le bâtiment emblématique de la Domino Sugar Factory à Brooklyn pour son projet RE/ICONS, revisitant des modèles classiques issus de ses archives. Plus récemment, en juin 2025, la maison dévoilait ses dernières créations de baskets et bottes au-dessus de la ligne d’horizon new-yorkaise, proposant son expérience immersive dédiée à la chaussure, Studio Ascenti, au sein d’un gratte-ciel de Manhattan.
Dans la collection mise en avant par cette campagne figure la veste Maya 70, réinterprétation contemporaine du modèle iconique matelassé en nylon longue saison recyclé, arborant la poche signature ornée du logo sur la manche gauche et une capuche amovible. La saison automne-hiver 2025 introduit également la Bretagne, doudoune courte à capuche offrant protection contre les éléments sans sacrifier confort ni liberté de mouvement, silhouette enveloppante conçue pour les scènes urbaines en extérieur.
Au-delà de l’esthétique publicitaire, la démarche de Moncler interroge le rôle du luxe contemporain dans un contexte marqué par la quête de sens et d’authenticité. En s’appuyant sur des figures artistiques qui incarnent la résilience, l’intégrité et la communauté – Tobe Nwigwe avec son parcours atypique et son message positif, Pacino et De Niro avec leur amitié cinématographique légendaire – la marque alpine redéfinit son territoire symbolique. Elle propose une vision du luxe non comme ostentation solitaire, mais comme vecteur de lien social et de chaleur partagée.

