Chez ssstein, la nuance est une obsession. Pour la saison Printemps-Été 2026, Kiichiro Asakawa, autodidacte éclairé et poète textile, livre une ode aux demi-teintes, à l’imperceptible, à ce que la lumière révèle et dissimule tout à la fois. C’est en feuilletant un ouvrage photographique de Corinne Day, capturant des pulls empilés dans un rayon de soleil, que la collection a trouvé son impulsion : « Ils scintillaient légèrement, et l’image m’a bouleversé », confie le créateur.
Lumière textile : entre tissage et alchimie
Plutôt que de traduire des images en moodboards, Asakawa injecte dans la matière l’émotion provoquée par ses références photographiques : Mark Borthwick, Anders Edström, tous maîtres d’un langage visuel éthéré, organique. Le résultat : des tissus d’une profondeur inédite. Un coton-rayonne iridescent, des effets oil-rubbed sur cuir, des toiles sulfurées pigmentées à la main, ou encore des mailles aussi fines que de la gaze teintées de bleu poudre, de vert menthe ou de jaune beurre.
L’architecture du vêtement dans sa version diluée
Côté coupes, ssstein rejoue ses fondamentaux avec des variations maîtrisées : les célèbres docking coats s’agrémentent d’un col droit, les vestes de vol alternent entre taille froncée ou souple, les blazers sont désépaissis, leurs épaules à peine rembourrées. Mention spéciale pour les pantalons aux ourlets torsadés et à la jambe arquée, qui capturent cette déconstruction fluide chère à la scène japonaise. Nouveauté notable : l’introduction renforcée de la taille XS, en réponse à la demande féminine croissante.
Un concert en filigrane : ASIA, muse musicale
Pour accompagner cette collection, la violoniste ASIA, en résidence à la Cité des Arts de Paris, incarne l’essence même du projet ssstein : subtilité, rigueur, élévation. Formée à Londres et collaboratrice d’Art Basel ou Radio France, sa musique ponctue les pas feutrés d’un vestiaire qui s’écoute autant qu’il se regarde.
De la boutique Carol à la reconnaissance internationale
Fondée après la fermeture du concept store Naichichi, la boutique Carol fut le laboratoire secret d’Asakawa. Dès 2017, il lance ssstein avec trois pantalons. Aujourd’hui, ses collections défilent à Paris, sont vendues chez L’Eclaireur ou Andreas Murkudis, et lui ont valu le Fashion Prize of Tokyo 2025.
Avec sa PE26, ssstein offre une rareté : un vestiaire où l’ombre a autant d’importance que la lumière, où le geste textile devient langage. Une mode qui refuse l’évidence, mais parle à ceux qui savent écouter les silences.



















































































