Home Horlogerie et JoaillerieDivine Fougue : l’or rose upcyclé de Korloff incendie la Place Vendôme

Divine Fougue : l’or rose upcyclé de Korloff incendie la Place Vendôme

by pascal iakovou
0 comments

Au 18 rue de la Paix, la façade Art déco de Korloff flamboie d’un rose incandescent : Divine Fougue, ode joaillière à « l’ardeur impétueuse » des femmes, s’empare des vitrines comme un second lever de soleil. L’indépendante maison lyonnaise, bâtie par Daniel Paillasseur autour du légendaire diamant noir de 88 carats en 1978, cultive de longue date « la liberté d’entreprendre » hors des grands conglomérats.

Un alphabet de rayons, entre fougue et finesse
Seize créations — bagues, bracelets, colliers, sautoir et la pièce-totem « Créoles Rayons » — dessinent une cartographie de la lumière. Chaque rayon d’or rose 750/1000e est percé d’un serti descendu, laissant les diamantaires dévoiler la pierre sur ses flancs ; un serti massé caresse le dernier diamant pour adoucir la pointe, tandis qu’un dégradé de tailles guide l’œil jusqu’à l’éclat final . On frôle ici le maniérisme d’un vitrail miniature, mais sans alourdir la ligne : la légèreté demeure la vraie matière première de Korloff.

Upcycling, la noblesse circulaire
La collection capitalise sur une innovation discrète : l’or de chaque pièce provient d’un procédé d’upcycling interne, réutilisant des éléments d’anciennes lignes pour réduire l’extraction minière sans sacrifier la pureté 750/1000e . Dans un marché où l’« or responsable » reste souvent un argument marketing flou, cette circularité maison crédibilise le discours durable, rejoignant l’urgence du luxe à faible empreinte.

Échelle tarifaire maîtrisée
Korloff joue la transparence : bagues de 5 600 € à 8 300 €, bracelets de 5 800 € à 30 400 €, boucles d’oreilles de 7 900 € à 24 100 €, collier à 11 000 € et sautoir phare entre 21 000 € et 45 600 € . Des prix placés au cœur du segment « luxe confidentiel », assez élevés pour dialoguer avec Repossi ou Pomellato, mais éloignés des sommets Place-Vendôme — stratégique pour séduire une clientèle CSP+ en quête de singularité plutôt que de logos.

Signature stylistique et positionnement
Le motif rayonnant rappelle le mouvement Art déco cher à Korloff, tout en répondant à la vogue du rose-gold skin-tone qui triomphe de Dubaï à Séoul. L’iconographie solaire, citant « l’impétuosité lumineuse » de la femme contemporaine, trouve un écho immédiat sur les réseaux : le teaser Instagram du 2 juillet cumule déjà plus de 120 000 vues, preuve que le storytelling du « luminous rebellion » touche sa cible digitale.

Lecture marché
Alors que le joaillier indépendant repositionne son offre depuis l’arrivée de François Arpels au capital, Divine Fougue illustre une double tendance : la montée du « quiet opulence » — diamants calibrés, or nuancé, logo absent — et l’exigence éthique intégrée à la créativité. En s’adossant à son héritage du diamant noir et à une production française resserrée, Korloff consolide un territoire niché : celui où l’audace formelle sert la conversation durable plutôt que l’esbroufe.

Au-delà du simple lancement, Divine Fougue confirme que, dans la galaxie Place Vendôme, la luminosité la plus spectaculaire peut surgir d’une maison restée farouchement libre — preuve qu’un éclat bien maîtrisé n’a pas besoin de fracas pour marquer l’époque.

Related Articles