Intitulée « DOM TOP FEVER », la collection ne propose pas une simple rétrospective, mais une relecture percutante du passé à travers les réalités contemporaines des DROM-COM — territoires ultramarins français tels que la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion et la Guyane. Le créateur rejette toute forme de nostalgie pour privilégier une réflexion sur l’invisibilité culturelle, l’exil économique et le silence systémique. Les écrits de Frantz Fanon, Aimé Césaire et Édouard Glissant nourrissent l’imaginaire de la collection : leurs pensées sur l’identité noire, l’hybridité créole et la politique des corps résonnent dans chaque silhouette.
Le récit visuel s’appuie sur des archives familiales, retravaillées à l’aide de l’intelligence artificielle — des chroniques numériques mêlant mémoire intime et mémoire collective. Sur le plan sonore, la collection fait écho au gwoka guadeloupéen, symbole de rythme, de protestation et d’appartenance. Plutôt que de revisiter les costumes folkloriques, la marque propose une garde-robe contemporaine : chemises d’inspiration workwear, volumes amples, vêtements de plage et éléments empruntés au streetwear.
Les matières ont été choisies pour leur sensorialité et leur aspect fonctionnel : popeline de coton, canevas, ripstop, denim, crêpe, jacquard et jersey. Une pièce de haute couture attire particulièrement l’attention — un t-shirt brodé de perles évoquant les bracelets de l’enfance et l’insouciance des étés passés. La palette chromatique s’impose comme un geste politique autant qu’esthétique : les nuances de brun font référence au marronnage — acte de fuite et de résistance des esclaves — tandis que les couleurs panafricaines apparaissent çà et là comme des codes de solidarité et de puissance.
Le titre « DOM TOP FEVER » est une déclaration audacieuse, teintée d’ironie, qui interroge les identités queer et les dynamiques de pouvoir. Il rejette les rôles imposés au profit de nouvelles positions : libres, assumées, redéfinies par celles et ceux qui les incarnent. Cette collection est un manifeste de réinvention, d’acceptation et de souveraineté narrative.
Photos : Avec l’aimable autorisation de la marque