Pour la saison printemps-été 2026, la marque Simon Cracker propose bien plus que des vêtements — c’est un manifeste contre la superficialité et la surcharge d’informations. La collection réagit à une époque où chacun se proclame expert — en politique, virologie, Vatican — et impose sa propre vérité. Plutôt que des déclarations bruyantes, les créateurs invitent au silence et à une observation attentive des détails. C’est dans les nuances que réside la force de la pensée et la profondeur du message. Visuellement, la collection s’appuie sur une palette sobre : blanc, écru, corde, gris et noir — obtenus par teinture, blanchiment et peinture à la main.
Le cœur de la collection est une garde-robe basique au caractère affirmé. T-shirts carrés et shorts, avec des références à l’art sartorial masculin, deviennent le point de départ. Les accents sont posés avec subtilité : chaque look s’articule autour d’un élément distinctif. Même les Crocs intégrés aux tenues subissent une « crackerisation » — une personnalisation unique par graffiti, patches et Jibbitz™ sur mesure. C’est une réinterprétation des classiques de la marque : le t-shirt siamois iconique, la veste « ver de pluie », la chemise « posture » — tous reviennent dans une version renouvelée mais reconnaissable.
La collection incarne la philosophie de l’upcycling : des pièces uniques créées à partir d’existants, chacune avec une identité propre. Surprise : les créateurs ont eux-mêmes retrouvé des clins d’œil à l’héritage de Martin Margiela — non pas la marque, mais le révolutionnaire de la mode. Peinture blanche, illusions, usure, garde-robe revisitée et éléments répétitifs mais jamais identiques — tout cela compose le nouveau langage visuel de Simon Cracker. Un style basé sur la répétition, mais qui ne se répète jamais littéralement. Cette collection est un hommage à ceux qui ne regardent pas en arrière. Car le passé est une direction où il ne faut pas s’engager.
Photos : Federico Laddaga