Le marbre n’a jamais été aussi fluide. Chez Pucci, il se fait vortex, onde, vertige doux. L’imprimé Marmo — ce tourbillon psychédélique signature de la maison florentine — devient pour la saison Printemps-Été 2025 un prétexte au rêve, une surface mouvante sur laquelle Camille Miceli projette une vision contemporaine et sensuelle de Marilyn Monroe. La campagne, capturée avec subtilité par Drew Vickers, met en scène Bibi Breslin dans une chorégraphie de lumière et de courbes, quelque part entre Cinecittà et les collines de Los Angeles.
La silhouette imaginée ici n’est pas une copie mais une réinterprétation. Marilyn, ou plutôt son fantôme, flotte à travers l’objectif, dépouillée de tout folklore hollywoodien. En lieu et place de la robe blanche et des gants satinés, une garde-robe Pucci vibrante de modernité, rythmée par les tourbillons chromatiques du Marmo, transcendés par des coupes fluides, des drapés subtils et des transparences calculées.
Camille Miceli, à la tête de la direction artistique depuis 2021, imprime sa signature : celle d’une féminité hédoniste mais ancrée, d’un luxe solaire et émotionnel, profondément méditerranéen. Son approche est celle d’un collage d’influences — la dolce vita, les icônes hollywoodiennes, l’érotisme soft des années 70 — qui résonne avec le nouveau souffle qu’elle insuffle à la maison. Ici, elle convoque non seulement Marilyn, mais aussi les échos d’Anita Pallenberg, de Monica Vitti ou des héroïnes viscontiennes, toutes auréolées de mystère et de grâce.
Le choix de Bibi Breslin, muse incandescente à la sensualité androgyne, apporte une tension contemporaine au récit visuel. Sous la lentille douce mais précise de Drew Vickers, son regard magnétique remplace les clichés par une émotion authentique. Vêtue de tuniques ondoyantes, de pantalons fluides, de robes fendues au vent, elle incarne cette vision mouvante de la féminité que Pucci revendique désormais : une femme libre, sensuelle, insaisissable.
La campagne, stylisée par @kjeldgaard1, repose sur un équilibre subtil entre sophistication et désinvolture. Chaque look semble surgir d’un rêve d’été sans fin, porté par des étoffes vaporeuses, des imprimés qui dansent avec le corps et des accessoires qui flirtent avec le fétichisme. Les cheveux, sculptés par Eugene Souleiman, tombent en vagues naturelles, tandis que le maquillage signé Lucy Bridge joue la carte du glow solaire, presque aquatique. La production, orchestrée par Al Dente Paris, inscrit cette mise en scène dans un écrin cinématographique, où chaque image raconte une séquence de ce film imaginaire.
Au-delà de l’esthétique, c’est l’identité même du Marmo que cette campagne reconfigure. Né dans les années 60, cet imprimé hypnotique — inspiré des papiers marbrés de Florence et des jeux d’optique — est devenu au fil des décennies un emblème de la maison Pucci. Mais sous la houlette de Miceli, il se libère de ses archives pour s’ouvrir à de nouvelles interprétations. Moins figé, plus intuitif, il épouse les corps comme une seconde peau, et s’ancre dans un désir de mouvement permanent.
Dans une industrie où l’héritage peut facilement devenir fardeau, Pucci réussit le pari de la réinvention sans reniement. Cette campagne en est la preuve vibrante : l’aura de Marilyn, symbole par excellence du glamour figé, devient ici point de départ d’une narration nouvelle, ouverte, inclusive, et viscéralement sensorielle. Le Marmo n’est plus seulement un motif, c’est une langue. Une manière de dire le désir, l’été, la liberté.





Crédits :
Direction artistique : Camille Miceli (@CamilleMiceli)
Modèle : Bibi Breslin
Photographe : Drew Vickers
Stylisme : @kjeldgaard1
Coiffure : Eugene Souleiman
Maquillage : Lucy Bridge
Casting : @Piergiorgio – DM Casting
Production : Al Dente Paris (@AlDenteparis)
Site officiel : www.pucci.com
Boutique parisienne : 41 avenue Montaigne, 75008 Paris

