Durazzi Milano franchit une nouvelle étape dans l’exploration créative avec « Jardin Acoustique », sa collection Automne/Hiver 2025, où l’univers sonore se conjugue à la mode. Présentée au cœur de son siège industriel réhabilité, la marque transforme cet espace en un studio sensoriel, imprégné d’éléments bruts comme la pierre et le verre, et envahi par une flore sauvage qui surgit de chaque recoin. Les visiteurs sont transportés dans un lieu singulier où musiciens, totems sonores et volumes textiles se répondent, évoquant la musique cosmique et les expérimentations du Krautrock.
Au gré des basses, des synthétiseurs et des tambourins qui résonnent, Durazzi Milano insuffle dans chaque silhouette l’esprit de l’imperfection maîtrisée. Des bords coupés francs et des ourlets inachevés affirment une liberté de mouvement, tandis que les formes fluides et enveloppantes évoquent le tissage de tapisseries anciennes. Les pièces fétiches arborent un aspect brut, chargé d’une forte dimension artisanale : on pense notamment aux robes en patchwork réalisées à partir de tapis chinés ou aux manteaux en laine d’inspiration militaire, rehaussés de coupes contemporaines. L’idée d’une « inachevé maîtrisé » saisit la quintessence de la collection : loin d’être un défaut, le détail imparfait devient le signe distinctif d’une œuvre vivante.
Dans ce « jardin » où se croisent références à l’art sonore et architecture industrielle, chaque vêtement s’apparente à une composante d’une partition musicale. Le cuir se décline sous forme de découpes abstraites ou de boucles oversize, faisant écho à l’influence équestre chère à Durazzi Milano. Les broderies de motifs floraux abstraits s’inspirent des tapis, ajoutant une touche de poésie au milieu d’une palette de tons hivernaux : gris profonds, verts intenses et noirs minéraux, ponctués de quelques nuances plus lumineuses. Cette densité chromatique évoque la beauté brute d’une nature en veille, rehaussée par la douceur des matières : cachemire double face, flanelle de laine et mousseline aérienne pour les chemises.
L’ADN équestre de la maison apparaît ici en filigrane. Les bottes d’équitation se transforment en pièces fortes, revisitées avec du cuir découpé ou drapé, tandis que la métallerie, inspirée des brides de cheval, se fixe sur les poignets, les cols et les ceintures. Les sacs, du « tote bag cavalry » au modèle « besace », affichent des lignes robustes, habillées de cuir ou de textiles faussement rustiques. Les mocassins massifs, quant à eux, conjuguent confort et stature, tandis que les ballerines à bout pointu arborent une élégance minimaliste.
La force de la collection « Jardin Acoustique » réside dans l’habile fusion du son et de la matière. Les totems sonores, disposés çà et là, diffusent des vibrations cosmiques qui résonnent à travers les couches superposées de vêtements. Les silhouettes semblent alors s’animer au rythme de la musique, créant une atmosphère sensorielle inédite, comme si chaque pièce respirait d’une vie propre. On retrouve ici l’empreinte de la compositrice Maryanne Amacher, pionnière de la spatialisation du son, dont l’approche immersive inspire clairement Durazzi Milano.
Dans cette scénographie, l’expérience du défilé outrepasse la simple présentation de vêtements. L’espace se mue en un écosystème, où chaque vêtement, chaque son et chaque texture s’interpénètrent. Les visiteurs sont alors conviés à un voyage contemplatif qui célèbre la liberté d’expression, l’imprévisible et la symbiose entre l’artisanat et la performance. À travers « Jardin Acoustique », Durazzi Milano confirme son attachement à un luxe transcendant les codes établis et propose un univers onirique, invitant chacun à redéfinir la frontière entre mode, musique et nature.
