Home Art de vivreCulture L’écologie part-2 : une affaire de mode ou une affaire à la mode ?

L’écologie part-2 : une affaire de mode ou une affaire à la mode ?

by Manon Renault
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Du 29 aout au 10 octobre, les Galeries Lafayette lancent GO FOR GOOD: « un mouvement relationnel et engagé au service d’un commerce plus responsable ». Au coeur de l’événement : un espace imaginé par Stella McCartney autour de la méditation. Intitulé « Sanctury of Stillness », l’espace vise « à renouer avec les sens. » Soit une bulle éco-responsable pour se retrouver et oublier le cataclysme médiatique provoqué par la question écologique. Dans les rues, au débat du 13h sur les chaînes d’info et dans ton ancien Franprix transformé en Biocop, la question écologique s’est imposée, si bien que tout le monde se dit écolo sans plus savoir vraiment ce qu’il en est. Le tout est de le montrer. 

Le 8 septembre, au Sud-Est des Galeries Lafayette, 110 000 personnes ont marché pour défendre l’environnement. Quelque jours avant, Hulot fout le camp du ministère tandis que la Fédération Française de la mode signe le 29 août, un partenariat avec Global Fashion pour accélérer les initiatives en matière de projet « durable » –dans un champ de la mode définit par sa constance à produire l’inconstance.

Écologique, éthique, biodégradable, est-ce que tout cela va suffire à sauver notre âme?  Pensons à l’avenir. Mais l’avenir de qui et comment ?  Le problème : les mouvements se multiplient et n’apportent bien souvent que de nouvelles questions. Des questions diffuses et isolées qui sous l’égide d’un problème mondial, sont les symptômes d’une « bonne pensée » parfois plus individualiste que humaniste. De surcroît, il semble bien difficile de produire des réponses qui prennent la forme de projets sur le long terme,quand chacun est dans l’immédiateté du résultat.

Le brouha écologique nous écarte t-il du véritable problème ? La peur de ne pas posséder du « chiffre visible » , la culture du résultat, nous empêche t-elle de faire des propositions écologiques tenables?


Reconnecter environnement et créativité

Zadig et Voltaire, Agnès B, Armor Lux …autant de marques qui se prêtent au jeux

Aux Galeries Lafayette, Stella McCartney ne propose pas de refaire le monde. Il s’agit tout d’abord de se restructurer soi-même. Pour mieux penser aux autres sans doute. Le programme des Galeries est assez poétique : toutes les marques, peu importe leurs calibres et leurs publics, proposent des vêtements répondant au thème écologique. Un film de Lynch sur la méditation est également diffusé. Le but est avant tout d’apprendre à observer le monde qui nous entoure et d’intégrer l’écologie dans des projets créatifs. Ni un frein, ni une barrière, la création de vêtements et la création artistique se conçoivent dans des conditions humaines -et les produits sont là dans les rayons. C’est le Statement. Quand l’un des plus Grands Magasins Parisiens embrasse une cause éthique, l’écologie ne semble plus un défit. Non, puisque les résultats sont là dans les rayons. Oui, mais des rayons Parisiens pour une clientèle à l’abri des problèmes financiers.
Il est indispensable d’avoir des grandes enseignes pour porter les projets. Le challenge : travailler avec des enseignes de grandes distributions qui touchent des publics plus larges. L’engagement des Galeries Lafayette est important : surtout s’il est porteur d’inspirations pour les autres magasins. Permettre aux créateurs de disposer de conditions favorables pour créer à un rythme soutenable, respectant la nature reste encore une exception, un luxe aujourd’hui.

Quand l’écologie prend la « une »

À ses débuts en 2001,  Stella McCartney n’était que « la fille de ». Peu importe, elle crée l’image de sa marque autour de l’éthique, la durabilité…En somme une femme qui tente de réparer l’image bancale d’une mode qui pollue depuis des années. Si aujourd’hui la vague écologique la porte en pionnière, Mccartney a eu le privilège de prendre le risque en 2001 d’une mode a contre temps. Sans doute ses heures de méditation lui ont permis de rester sereine dans la mouvance du système de la mode. Stella McCartney disposait de conditions favorables pour construire un projet en accord avec ses principes et aujourd’hui de plus en plus d’entrepreneurs se lancent sur la même voix. D‘un monde décrié comme apolitique au début des années 2000, nous sommes passés à l’over-engagement, si bien que l’on oublierait que les projets écologiques ne sont pas « une nouveauté » marketing.

Reclaim-Réparer

À titre d’exemple, le mouvement Éco-féministe à permis à de nombreuses femmes d’inventer de nouvelles formes d’appropriation de leurs corps dans les années 80 dans le monde anglo-saxon. Un mouvement militant, hors des cercles médiatiques, dont les textes ont été rassemblé en 2016 dans le recueil Reclaim par la philosophe Emilie Hache. Plus de 20 ans après leur parution- le temps a été long. Le temps médiatique n’est pas le même pour tous.

Avant d’être écologique, la mode sera t-elle sociale ?

« Mener des politiques respectueuses de l’environnement, d’accord, mais lesquelles ?Il suffit de voir la diversité et l’hétérogénéité des acteurs des combats pour la nature : certains sont ouvertement progressistes, d’autres conservateurs, voire franchement réactionnaires, on trouve des anarchistes et des fascistes, des rationalistes et des spiritualistes, et beaucoup d’apolitiques… La seule façon de comprendre les discours environnementaux, c’est de voir comment ceux-ci intègrent ou non la question de l’amélioration du progrès social, et relient la protection de la nature aux mécanismes socio-économiques à l’œuvre dans sa destruction globale. »

L’historienne Valérie Chansigaud, auteure des Français et la nature. Pourquoi si peu d’amour ? (éd. Actes Sud) formule dans Télérama un point de vue qui permet de questionner le lien entre le social et l’écologie.

À l’issue de la signature des accords avec Global Fashion Agenda, Pascal Morand explique que promouvoir le développement durable en ciblant les problèmes environnementaux, en défendant la responsabilité sociale et en combinant l’innovation avec un long-term savoir faire est l’un des défis majeurs dans lequel la Fédération de la Haute Couture et de la Mode s’engage.  L’institut Français de la Mode intègre la question environnementale et semble la lier au social. En tout cas dans la sphère de production des vêtements. Un pas important pour le champ de la mode. Mais la question n’est pas nouvelle au sein de l’IFM qui publiait dès Juin 2005 un numéro spécial « Développement durable et textile » . Un article sur la responsabilité sociale des entreprises est déjà présent.


Du 19 au 21 septembre le salon Première Vision dédié aux producteurs textiles, permettra d’avoir un aperçu de l’évolution des réponses aux différents défis environnementaux. Est-ce que le progrès social fera partie du programme ? 

-Go for Good : jusqu’au 10 octobre aux Galerie Lafayette

Reclaim : Receuil d’Emilie Hache

-IFM : « Développement durable et textile »

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