Home Beauté et parfums Rencontre Roos&Ross part-2 : La création des parfums entre filles et mères

Rencontre Roos&Ross part-2 : La création des parfums entre filles et mères

by Manon Renault
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Debout jusqu’à ce que les derniers rayons du soleil illuminent le jardin, Chantal Roos parle, parfume, captive. Si quelqu’un a manqué le début, peu importe, elle recommence : « White Song , un soir de pleine lune, je danse et je m’enivre toute la nuit. Je vis la Dolce Vita ». Avec Chantal la vie à l’odeur des films, et l’obscurité de la nuit se fond dans la pellicule ou les images d’une carrière défilent. Mais le mot fin n’est pas encore inscrit. Après avoir mis ses histoires au service des plus grandes maisons- Yves Saint Laurent, Jean Paul Gaultier- Chantal dédie ses récits olfactifs à Roos&Roos. Un projet qu’elle mène avec sa fille, Alexandra. Un projet plus intime ? Non quelque chose qui touche, au délà des vécus individuels :« Des histoires de femmes racontées par des femmes »

Alexandra, nous l’avions rencontrée quelque temps auparavant. Un univers à la croisée des avant-gardistes, des « Deneuve ». Celle qui harmonise les mots, « celle qui est l’artiste » pour une mère dont la vie est « tout en parfum »  

Roos&Roos :le « & » ne peut être oublié. Alors il semblait indispensable de laisser place à cette autre moitié pour ne pas trahir l’histoire. Chantal Roos évoque les rencontres professionnelles et artistiques, l’esprit couture, l’élégance des femmes. À travers tout cela c’est une mère, une artiste, une « entrepreneuse» qui a gravi les échelons de l’industrie du luxe qui se raconte à la l’ombre du Paris Rive Gauche . 


La part des souvenirs

Le travail de Chantal ? Traduire en histoire l’esprit d’une maison, puis trouver les notes de parfums qui traduiront l’essentiel de cette histoire en une fragrance signature. « Quand on travaille avec un grand couturier, on se plonge dans son univers, la richesse de toutes ses créations. Ce fut et ce sera le cas pour un Opium ou un Paris ». Arrivée chez Yves Saint Laurent à l’aube des années 1980, Chantal relève un pari fou : renouveller l’image de la masculinité avec un parfum qui deviendra un hit « Kouros ». Elle équilibre la persona, très forte de Saint Laurent, à l’histoire d’une virilité antique qui épouse un public masculin dont la sensibilité envers le parfum accroît. « Pour Homme de Yves Saint Laurent le représente : il pose pour sa publicité et il va toujours le porter. Pour Kouros il nous faut un nouveau masculin plus puissant que le premier (…) On va regarder ce qui existe aussi sur le marché de l’homme. Tout ceci je le partage avec Monsieur Saint Laurent . Il va falloir allier la force et le classicisme, l’esthétique impératif dans cette maison. On parle de pureté aussi, de lumière, de blanc, de force et tout naturellement Monsieur Saint Laurent va penser à la Grèce et……… c’ était parti. ». 15 années avec Saint Laurent : Chantal les évoque sans ce goût impudique et amer que peuvent avoir le ton des ramassis d’anecdotes aguicheuses.Une manière de conter les souvenirs qui en soit est un parfum. Sobre, une classe Saint Laurent. Elle traduit cela pour Ross&Ross avec « Song for a Queen », « ou le souvenir de ces femmes magnifiques défilant en Haute couture chez YSL : parfum dédié aux femmes généreuses, altières, aimées ……A toutes les femmes …… »

Il était tellement prévenant et adorant travailler sur ses parfums- Chantal Roos à propos d’Yves Saint Laurent.

Une carrière sans fausse note

Au delà de l’histoire de Saint Laurent, de l’histoire du parfum, c’est dans l’histoire du rapport de l’homme à la beauté que Chantal laisse son emprunte. Chez Issey Myake puis Gaultier, elle travaille avec la même exigence, les mêmes règles. « Il ne faut pas oublier que le parfum ne vit pas seul dans son petit univers , il fait partie d’un ensemble qui comprend les grands courants des époques. La mode évolue , l’art sous bien des formes, l’architecture, la peinture, la décoration, la musique etc »Une goûte de parfum comme les réminiscences du Zeitgeist d’une époque : un point important qui singularise l’expertise de Chantal « Vous avez des parfums très connus qui ne portent pas le nom d’un couturier , mais celui d’une grande marque qui a créé une « raison d’être »  à ces fragrances » (…) « Ce n’est pas la mode le plus important mais le style comme ont dit des personnalités célèbres » Tiens, Saint Laurent est encore là.

De Filles en chansons

White Song , La Dolce Vita mère-fille

Travailler avec Alexandra : plus qu’une histoire de transmission de savoir-faire- un partage, un échange. Chaque parfum Roos&Roos est « un conte , une histoire d’amour, un voyage, un souvenir». Une mère et une fille : les expériences de l’une nourrissent les histoires de l’autre et vice versa «En amont, on parle, on échange. Parfois l’une s’efface mais tout est toujours harmonie. Puis notre parfumeur entre dans nos histoires pour s’inspirer . » Si l’un des maîtres mots de la marque est « le parfum en héritage » , il ne faut pas voir en cela le triptyque Jean Paul Gaultier, Issey Miyake et Yves Saint Laurent comme écrasant l’ADN de Roos&Roos. L’héritage ne se fait pas uniquement à partir de la vie professionnelle de Chantal. Alexandra offre à sa mère sa vision artistique, et elles mettent en commun leurs souvenirs de femmes pour les transformer en parfums universelle qui demeurent sur la peau au delà des virages et des mode. Après tout le style demeure.

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