Les chausseurs portugais jouent un rôle majeur dans la définition des tendances de mode sur les marchés internationaux les plus influents. Au cours des dernières années, près de 30 marques portugaises de chaussures ont reçu des distinctions spéciales, des GAPI Awards et des prix récompensant leur approche innovante. Les créations des artisans portugais s’imposent de plus en plus sur la scène mode mondiale, tandis que les fabricants gagnent une reconnaissance internationale croissante.
Aujourd’hui, l’industrie portugaise de la chaussure exporte plus de 95 % de sa production. Ce secteur figure parmi les plus « internationaux » de l’économie nationale, avec des exportations vers plus de 150 pays. Quel est le secret de ce succès, et quels défis l’accompagnent ?
Les tendances de développement de l’industrie portugaise de la chaussure
Selon les données de l’APICCAPS (Association portugaise des entreprises de chaussures et du cuir), les exportations de produits en cuir portugais ont augmenté de 5,8 % en glissement annuel en septembre 2025, atteignant un volume de 81 millions d’euros. Cette croissance témoigne d’une demande extérieure soutenue et d’un renforcement du secteur grâce à la modernisation des capacités de production.
Et ce n’est guère surprenant. Le Portugal n’est plus depuis longtemps associé uniquement au textile traditionnel. Ces dernières décennies, l’industrie a connu une profonde transformation : les ateliers locaux ont évolué vers des unités de production hautement technologiques, où un savoir-faire séculaire se conjugue avec des technologies de pointe, une automatisation active et des modèles économiques durables. Les artisans portugais continuent de préserver leurs traditions avec soin, tout en opérant selon les standards internationaux de l’industrie de la mode et du textile.
C’est précisément cette synergie entre histoire, qualité et innovation qui rend les fabricants portugais particulièrement attractifs pour les marques et les investisseurs internationaux. Les investissements étrangers affluent au Portugal, et les usines deviennent des partenaires stratégiques pour les start-up comme pour les grandes maisons de mode, à la recherche de durabilité, de flexibilité et de rapidité de mise sur le marché.
En conséquence, les entreprises portugaises offrent aux clients internationaux plusieurs avantages concurrentiels clés :
- Production durable. L’utilisation d’énergies renouvelables, la gestion responsable des ressources en eau et la réduction des émissions nocives sont devenues des standards pour la majorité des usines textiles et de confection du pays. Les fabricants sont fiers de leurs certifications internationales telles que GOTS (Global Organic Textile Standard) et GRS (Global Recycled Standard).
- Ouverture aux start-up et aux marques indépendantes. Les usines portugaises collaborent volontiers non seulement avec les grands acteurs du marché, mais acceptent également des quantités minimales de commande réduites (MOQ) — dès 50, 100 ou 300 pièces — un atout essentiel pour les jeunes marques et les projets de niche.
- Approche “full stack”. La production au Portugal repose sur un service intégré de bout en bout : de la sélection ou du développement des matières premières à la création des patronages, la fabrication des prototypes, la production en série et le conditionnement final.
- Rapidité d’exécution. Les délais de développement des collections y sont 2 à 4 fois plus courts que chez les producteurs asiatiques, tandis que la vitesse de traitement des commandes est 8 à 12 fois supérieure.
- Logistique internationale optimisée. Le Portugal offre des conditions de livraison avantageuses à l’échelle mondiale, permettant de réduire les coûts logistiques de 40 à 60 % par rapport aux expéditions depuis l’Asie du Sud-Est.
- Stabilité économique et main-d’œuvre qualifiée. Des coûts de main-d’œuvre modérés s’allient à un système de formation professionnelle solide, ainsi qu’à la stabilité monétaire et économique du pays.
Les spécificités de la chaussure portugaise
En 2024, le Portugal a exporté 68 millions de paires de chaussures vers 170 pays. Les meilleures marques portugaises proposent des produits couvrant l’ensemble des segments de consommation; des labels iconiques et de luxe aux marques de niche plus accessibles.
Bien que le Portugal occupe la deuxième place en Europe en termes de volumes de production, une part significative de la production mondiale reste concentrée en Asie. Les fabricants portugais développent cependant un modèle alternatif, fondé sur la qualité, la durabilité et le progrès technologique plutôt que sur la production de masse. Ils investissent activement dans l’automatisation, la robotisation et les procédés écologiques, avec l’ambition de faire de l’industrie nationale de la chaussure l’une des plus avancées au monde.
Selon Luís Onofre, président de l’APICCAPS, la situation actuelle est « insoutenable », mais peut être transformée :
« Nous disposons du savoir-faire, de la créativité, des traditions et des technologies nécessaires pour proposer une alternative crédible et compétitive au modèle de production de masse. Le Portugal a déjà clairement démontré cette ambition. »
Sofia Moreira de Sousa, représentante de la Commission européenne au Portugal, souligne pour sa part que l’industrie portugaise de la chaussure constitue «un exemple éloquent de la manière dont l’engagement stratégique et la capacité d’adaptation peuvent transformer les défis en avantage concurrentiel».
Plans et investissements
La stratégie de développement technologique et durable est confirmée par des investissements de 120 millions d’euros réalisés par le cluster portugais de la chaussure au cours des trois dernières années, consacrés à l’automatisation, à la robotique et aux solutions de production écologiques. Luís Onofre qualifie cette période de plus grand cycle d’investissement de l’histoire du secteur et de pas décisif vers la position de leader mondial de la chaussure contemporaine.
L’essentiel des fonds a été consacré à deux projets stratégiques : BioShoes4All, axé sur le développement de matériaux et de procédés durables, et FAIST (Agile, Intelligent, Sustainable and Technological Factory), dédié à la mise en place d’usines automatisées, intelligentes et respectueuses de l’environnement.
Comme le soulignent les acteurs du secteur, technologie et durabilité sont aujourd’hui directement liées au succès commercial : le produit doit être non seulement innovant, mais aussi désirable et pertinent sur le marché.
Aux pieds des stars
Depuis longtemps déjà, la chaussure portugaise attire l’attention des célébrités internationales — sur les tapis rouges comme à l’écran — renforçant ainsi sa notoriété et son prestige dans l’univers de la mode. Les célébrités, et même les membres de familles royales, privilégient de plus en plus les créations venues du Portugal. Lors du mariage du prince William et de Kate Middleton, la mère et la sœur de la mariée portaient des chaussures de fabrication portugaise — et les exemples de ce type sont nombreux.
- Bella Hadid a porté des chaussures de la marque portugaise Alameda Turquesa lors du Festival de Cannes.
- Cindy Crawford et Gigi Hadid figurent également parmi les adeptes de la marque Alameda Turquesa.
- Lily Collins, dans la série Emily in Paris, porte elle aussi des modèles Alameda Turquesa.
- Meghan Markle, Jessica Biel et Rose Leslie ont été vues chaussées de créations de la marque portugaise Josefinas, réputée pour ses modèles élégants et colorés.
- Chiara Ferragni, influenceuse et entrepreneure mode, apparaît fréquemment en Josefinas.
- Maluma et Willy Chavarria ont porté des chaussures de la marque portugaise Carlos Santos sur le tapis rouge du Met Gala.
Comme on le constate, l’industrie portugaise de la chaussure se renouvelle à la fois dans sa forme et dans son essence. Cette évolution redéfinit ses ambitions, plaçant au cœur de son identité l’alliance de la tradition, du savoir-faire et de l’innovation.
Photos : Avec l’aimable autorisation de la marque