Home ModeBauyrzhan Shadibekov : « L’Asie centrale ne suit pas la mode mondiale : elle crée son propre style »

Bauyrzhan Shadibekov : « L’Asie centrale ne suit pas la mode mondiale : elle crée son propre style »

by Tania Tuka
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Visa Fashion Week Tashkent et Visa Fashion Week Almaty deviennent aujourd’hui des villes incontournables sur la carte de la mode en Asie centrale — et ce, en grande partie grâce à la vision de leur PDG, Bauyrzhan Shadibekov. Son approche dépasse largement le cadre d’un simple défilé : il s’agit d’un développement systémique de l’industrie, de la création d’un écosystème et du soutien aux jeunes talents. Dans une interview explosive pour Luxsure, Shadibekov revient sur sa mission, les différences entre Tashkent et Almaty, ainsi que sur l’avenir de l’industrie dans la région.

Quel a été le point de départ de votre parcours dans l’industrie de la mode ? Comment en êtes-vous venu à l’idée de créer des semaines de la mode ?

Le point de départ de mon parcours dans l’industrie de la mode a été le moment où j’ai compris qu’il était essentiel pour moi de créer quelque chose qui ait du sens, qui façonne la culture et ouvre des possibilités aux autres. Né à Chimkent et formé dans un domaine tout autre, j’ai toujours été attiré par un environnement où règnent la créativité, l’énergie des idées et l’interaction vivante entre les gens. Lorsque j’ai déménagé à Almaty et que j’ai découvert pour la première fois le Fashion Bureau, j’ai senti que c’était précisément l’endroit où je pouvais me réaliser. J’ai compris que la mode n’était pas seulement une question de vêtements, mais une industrie complète qui façonne l’image culturelle du pays, stimule l’économie et aide les talents à se révéler.

Avec le temps, il est devenu évident que le Kazakhstan et l’Asie centrale avaient besoin d’une plateforme professionnelle capable de s’exprimer avec assurance, cohérence et au niveau international. C’est ainsi qu’est née la Visa Fashion Week Almaty — un projet conçu non comme un simple défilé, mais comme une institution à long terme capable de changer les règles du jeu. Plus tard, le lancement de la Visa Fashion Week Tachkent est devenu la continuation logique de cette mission : unir la région, renforcer le dialogue culturel et montrer au monde une nouvelle Asie centrale — moderne, plurielle et authentique.

Mais pour moi, il ne s’agissait pas seulement de créer des semaines de la mode : il était tout aussi important de bâtir un véritable ascenseur social pour les jeunes créateurs. C’est pourquoi, il y a deux ans et demi, nous avons lancé le Next Designer Award empowered by Visa — un concours qui est aujourd’hui devenu un élément clé de l’écosystème de la VFWA et de la VFWT. Il offre aux jeunes auteurs bien plus qu’une scène : il leur apporte des connaissances, un accompagnement, un mentorat et un chemin clair vers la profession. Le lauréat reçoit une bourse, une expertise et la possibilité de présenter sa collection sur le podium de la semaine de la mode. Les candidatures pour la prochaine édition ouvriront le 23 décembre.

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Cette année, le Next Designer Award empowered by Visa a révélé trois lauréates remarquables, chacune incarnant à sa manière la force de la nouvelle génération de créateurs d’Asie centrale. Tomiris Talgat a impressionné le jury par sa relecture profonde des rites féminins — sa collection a été présentée dans le cadre de la Visa Fashion Week Almaty. Aizada Balabekova a proposé un dialogue subtil entre tradition et modernité et a défilé à la Visa Fashion Week Tachkent. Nigina Negmatova, qui a remporté la troisième place, a créé une collection en collaboration avec Zhsaken — son regard ironique sur la culture de consommation a été l’un des événements les plus marquants de la saison.

Pour moi, ces initiatives — la Visa Fashion Week Almaty, la Visa Fashion Week Tachkent et le Next Designer Award empowered by Visa — sont les éléments d’un même système destiné à créer les conditions de croissance des talents d’Asie centrale et à leur permettre de dialoguer d’égal à égal avec le monde. C’est précisément le désir de construire ce système, et non simplement de travailler dans l’industrie, qui a été le point de départ de mon parcours.

Vous avez déjà un projet réussi, la Visa Fashion Week Almaty. Pourquoi avez-vous décidé de développer cette initiative à Tachkent et de porter la Visa Fashion Week Tashkent à un niveau international ?

La Visa Fashion Week Almaty est déjà devenue une plateforme forte et stable, mais dès le début, j’ai envisagé l’industrie au-delà des limites d’une seule ville ou d’un seul pays. En travaillant dans la mode d’Asie centrale, il est impossible de ne pas ressentir un espace culturel commun, des défis similaires, une énergie unique et un immense potentiel. C’est pourquoi la décision de développer l’initiative à Tachkent n’a pas été une étape secondaire — elle est devenue la continuité logique de l’idée de créer un écosystème régional plutôt qu’un projet local.

Tachkent s’est imposée naturellement, car l’Ouzbékistan possède un code culturel puissant, une tradition artisanale riche, un intérêt croissant pour la mode et un grand nombre de talents qui ont besoin d’une plateforme professionnelle. Il existe ici une demande réelle pour des standards internationaux, de nouveaux formats et un développement industriel. L’union d’Almaty et de Tachkent nous a permis de hisser le projet à une autre échelle : Almaty, c’est la dynamique et l’énergie de la métropole ; Tachkent, c’est la profondeur, l’histoire et l’esthétique orientale. Ensemble, ils ne créent pas de concurrence, mais une synergie, formant une image cohérente de l’Asie centrale.

Un rôle essentiel revient également au Next Designer Award empowered by Visa — un concours que nous développons depuis plusieurs années. Le NDA est devenu ce pont qui relie les deux semaines de la mode et qui fait émerger une nouvelle génération de créateurs capables d’accéder avec assurance au niveau régional et international. Grâce au concours, les jeunes auteurs reçoivent non seulement des bourses et du mentorat, mais aussi la possibilité de présenter leurs collections à Almaty et à Tachkent, devenant ainsi partie intégrante du vaste écosystème que nous construisons.

L’expansion internationale a été une étape naturelle. La région est prête à attirer l’attention du monde : nous avons notre propre langage visuel, des auteurs solides et une identité culturelle qui intéresse l’industrie mondiale. Les médias, experts, photographes et stylistes internationaux viennent à Tachkent et à Almaty non pas pour le prestige, mais parce qu’il s’y passe réellement quelque chose de nouveau.

Je développe le projet à Tachkent, car je crois en l’union plutôt qu’en la division. Ce n’est qu’en agissant comme une seule région que nous pouvons non seulement participer au dialogue mondial de la mode, mais aussi affirmer notre position et influencer la géographie culturelle de l’industrie.

Les semaines de la mode de Tachkent et d’Almaty sont encore relativement jeunes. Quels défis rencontrez-vous à ce stade de développement et quelles mesures prenez-vous pour renforcer leur statut dans la région ?

Les semaines de la mode de Tachkent et d’Almaty sont effectivement en pleine phase de développement actif, et comme tout jeune institut, nous avons un certain nombre de défis. L’un des principaux est la formation d’un écosystème professionnel durable, dans lequel les créateurs, stylistes, photographes, producteurs, médias, plateformes éducatives et marques travaillent selon des standards communs de l’industrie. Dans la région, il existe toujours un décalage entre les talents et la structuration, entre la créativité et les processus business, entre les possibilités locales et les attentes internationales.

Le deuxième défi est l’accès à un public global, aux médias et aux centres industriels. L’Asie centrale n’est pas encore perçue comme une source habituelle de tendances ou de voix fortes dans la mode, et notre tâche est donc de créer un intérêt durable et d’établir la confiance envers la région en tant que nouvel acteur culturel. Un autre enjeu important est la nécessité de faire émerger de nouveaux noms et de soutenir une base éducative qui permettra aux talents non seulement d’apparaître, mais aussi de se développer durablement.

Pour renforcer le statut, nous travaillons sur la qualité de chaque saison et de chaque élément : de la supervision des marques et de la création des défilés à l’implication d’experts internationaux et de représentants des médias mondiaux. Nous créons les conditions dans lesquelles les designers régionaux peuvent bâtir une carrière fondée non pas sur des éclats ponctuels ou du buzz, mais sur une architecture professionnelle solide. Il est essentiel pour nous que la Visa Fashion Week à Tachkent et à Almaty soit perçue non comme un événement de trois jours, mais comme un investissement à long terme influençant l’éducation, le marché, la perception et le code culturel de la région.

Nous avançons dans une direction où le principal résultat n’est pas seulement une belle saison, mais une transformation de l’industrie, étape par étape, de manière systémique et confiante.

Comment évaluez-vous les différences culturelles entre les scènes de la mode de Tachkent et d’Almaty ?

Je dis toujours que Almaty et Tachkent sont deux centres de force, chacun reflétant son caractère, son humeur et son code culturel. Il n’y a pas de concurrence entre eux, car ils se complètent, et c’est précisément là que réside leur valeur.

Almaty, c’est l’énergie de la métropole. Une ville moderne et dynamique où les jeunes marques expérimentent activement, mélangent les styles, s’inspirent du minimalisme, de l’esthétique sportive, des textiles technologiques et des influences urbaines. Ici, la mode respire la vitesse, les décisions audacieuses, une pensée globale et le désir de créer du nouveau. On y ressent facilement le rythme d’une grande ville, l’initiative et la créativité — c’est pourquoi de nouveaux sens, de nouveaux visages et de nouveaux formats y naissent.

Tachkent, c’est la profondeur et le code visuel oriental. Une ville imprégnée de culture et de traditions artisanales, qui offre une approche totalement différente : plus sensible, plus stratifiée et plus symbolique. Les designers de Tachkent appréhendent la forme, l’ornement, le décor et la couleur autrement. Leur mode est empreinte d’émotion, de respect pour l’héritage, de densité de sens et d’une lecture artistique de la tradition dans une esthétique contemporaine.

Et c’est précisément le dialogue entre ces deux pôles qui crée un écosystème complet. Si Almaty représente la vitesse et l’urbanité, Tachkent représente la profondeur et la mémoire culturelle. À la Visa Fashion Week Almaty, nous montrons la facette moderne, dynamique et cosmopolite de la région, tandis qu’à la Visa Fashion Week Tashkent, nous dévoilons son aspect artistique, traditionnel et émotionnel.

C’est pourquoi je considère leurs différences non comme une barrière, mais comme leur principal avantage. L’Asie centrale est multiple, et ces deux semaines de la mode permettent de la montrer de manière honnête, complète et diversifiée. Cette richesse en fait une région intéressante et visible pour le monde.

Quelle est la mission de la Visa Fashion Week Tashkent ? Qu’est-ce qui est le plus important pour vous : soutenir les créateurs locaux, développer le tourisme, encourager le dialogue culturel ou créer une plateforme business ?

Pour moi, la Visa Fashion Week Tashkent n’est pas seulement un événement de mode, mais un projet qui fonctionne simultanément à plusieurs niveaux, et dont la mission repose sur le développement de l’économie créative de la région. À l’intérieur de cet objectif majeur, plusieurs directions coexistent et ne peuvent être dissociées, car c’est précisément leur interdépendance qui crée un résultat durable.

La première — le soutien au design local. Nous comprenons que des marques fortes constituent le fondement de l’industrie, et nous créons donc une plateforme où les créateurs peuvent s’affirmer, obtenir des standards professionnels, travailler avec des experts, accéder à un public international et réaliser un véritable saut de carrière.

La deuxième — la formation de l’écosystème. Une semaine de la mode ne se limite pas au podium ; elle déclenche toute une chaîne de personnes et de processus : de la production et du textile aux équipes de production, créateurs de contenu, agences, artisans et petites entreprises liées à l’industrie. Chaque saison implique des centaines de spécialistes, crée des emplois et renforce la valeur économique de la mode en tant que secteur.

La troisième — le dialogue culturel et l’actualisation de l’identité. L’Ouzbékistan possède un héritage puissant, et notre tâche n’est pas une préservation muséale, mais une compréhension contemporaine. Nous montrons comment la tradition, l’artisanat et le code visuel peuvent devenir partie intégrante d’une histoire mode actuelle et acquérir une résonance internationale. Lorsque les médias et experts étrangers rencontrent cette couche culturelle vivante, ils perçoivent différemment la région et son potentiel.

La quatrième — le développement du tourisme et de l’intérêt international. Une Fashion Week attire toujours des invités, journalistes, photographes, influenceurs ; elle crée des occasions médiatiques, un contenu visuel et une nouvelle perception de la ville et du pays. Tachkent devient un point d’attraction, et pas seulement une localisation géographique.

Et bien sûr, la Visa Fashion Week Tashkent est une plateforme business. La mode n’a de valeur que lorsqu’elle continue à vivre après les défilés — dans les ventes, les collaborations, les contrats, les partenariats et l’expansion des marchés. Nous créons un espace pour un dialogue professionnel et des solutions à long terme, pas seulement une impression émotionnelle.

Il est impossible de choisir une seule direction. La mission du projet est d’unir culture, design, économie et intérêt international en un système unique afin que l’industrie se développe non pas par à-coups, mais de manière stratégique et durable. C’est ainsi que l’Asie centrale devient progressivement un acteur visible et respecté sur la carte mondiale de la mode.

Quelles marques constituent aujourd’hui le noyau principal de la Visa Fashion Week Tashkent ?

Si l’on parle des créateurs ouzbeks, ce sont eux qui forment aujourd’hui la base de la Visa Fashion Week Tashkent. J’apprécie beaucoup Tachkent — ici, les designers intègrent de manière particulièrement subtile et contemporaine les motifs nationaux et les techniques artisanales, tout en conservant la sobriété et le style pour lesquels la mode ouzbèke est déjà reconnaissable dans la région.

Cette saison, parmi les marques ouzbèkes clés figurent Azamat Somatov, Amal Vagram, Hajar, Imsilk, Cherry Mx, Morobulsin et Nigora Hashimova × Nargiz. Chacune d’elles travaille avec son propre langage visuel tout en gardant un lien avec le code culturel, proposant un regard frais et actuel sur l’héritage local.

Cette année, la finaliste du Next Designer Award, Aizada Balabekova, a également défilé sur notre podium — elle a obtenu l’opportunité de présenter sa collection à Tachkent après sa victoire au concours. Son travail est une exploration du dialogue entre tradition et modernité, une réinterprétation délicate de l’héritage et une volonté d’inspirer les femmes à une expression de soi audacieuse.

Au cours des saisons précédentes, notre plateforme a accueilli des noms tels que Liliya D’ulat, Dildora Kasimova, Dilnoz, Nelif, et d’autres — des designers qui ont joué un rôle important dans la formation de la mode contemporaine de l’Ouzbékistan. Nous observons saison après saison la croissance de la qualité, de l’assurance et de l’identité visuelle de Tachkent, et c’est pour nous un honneur d’être la plateforme où ce développement devient visible.

Quels noms ou peut-être quelles marques internationales aimeriez-vous attirer pour la prochaine saison ?

Je préférerais conserver l’intrigue et ne pas dévoiler les noms à l’avance. Pour nous, l’important n’est pas les annonces spectaculaires, mais la qualité du résultat sur le podium et son impact sur l’industrie. Je peux seulement dire ceci : nous sommes toujours en quête de nouveaux visages, de nouvelles histoires et de nouveaux codes culturels capables de renforcer la voix de l’Asie centrale sur la scène internationale.

Nous sommes ouverts aux collaborations et coproductions, et nous étudions avec plaisir les candidats qui partagent nos valeurs, notre approche professionnelle et notre vision de l’avenir de la mode régionale. Restez attentifs : beaucoup de choses intéressantes arrivent.

Vos dates diffèrent du calendrier traditionnel des fashion weeks. Qu’est-ce qui motive ce choix, et envisagez-vous une future synchronisation ?

Nos dates diffèrent effectivement du calendrier international traditionnel, et cette décision est dictée par les spécificités de la région. Nous travaillons dans le contexte de l’Asie centrale, où existent une saisonnalité propre, une logistique particulière, ainsi que des cycles de production et de commercialisation des collections. Pour les designers locaux, il est essentiel de présenter leurs nouvelles créations au moment le plus pertinent en termes de sortie ultérieure, de ventes et d’activité RP.

De plus, le choix de dates indépendantes nous permet de ne pas entrer en concurrence avec les semaines de la mode mondiales et d’attirer ainsi davantage de professionnels — journalistes internationaux, photographes, stylistes et experts — qui peuvent accorder à notre région une attention complète.

Quant à une synchronisation future — nous l’envisageons, mais sans chercher à l’imposer artificiellement. Notre priorité est de créer un calendrier qui fonctionne pour le développement à long terme des créateurs d’Asie centrale et qui renforce la région en tant que centre de mode autonome. Si, à l’avenir, une coïncidence des dates devient un avantage stratégique, nous franchirons ce pas ; si notre rythme unique continue à offrir des opportunités supplémentaires, nous développerons notre propre format.

Comment voyez-vous le développement de l’industrie de la mode en Asie centrale dans les prochaines années ?

Dans les prochaines années, l’industrie de la mode en Asie centrale se développera non pas de manière fragmentée, mais comme un véritable écosystème. Nous voyons déjà comment les designers, producteurs, photographes, mannequins, artisans, projets éducatifs et équipes créatives deviennent les éléments d’un même espace professionnel. La région cesse d’être un simple point sur la carte — elle se transforme en un centre culturel à part entière, qui propose au monde ses propres sens, son langage visuel et son histoire singulière.

Le principal moteur sera la réinterprétation de l’identité. Nous ne copions plus et ne cherchons plus à rattraper, mais nous formons notre propre style, fondé sur l’artisanat, l’héritage, le textile, l’esthétique orientale et l’architecture minimaliste. Tout cela devient le socle de la mode de nouvelle génération.

La deuxième direction — la professionnalisation. L’industrie dépasse déjà le stade de « la créativité pour la créativité ». Nous construisons un système dans lequel la mode représente une économie, des emplois, de la production, de l’exportation, des programmes éducatifs et des modèles commerciaux durables. Dans les prochaines années, apparaîtront davantage de plateformes, de concours et d’institutions qui formeront non pas des noms ponctuels, mais des spécialistes.

Et ici, le concours Next Designer Award empowered by Visa joue un rôle très important. Depuis plusieurs années, il constitue la porte d’entrée pour la nouvelle génération d’auteurs au Kazakhstan et en Asie centrale. Le NDA aide les jeunes designers à recevoir une expertise professionnelle, un soutien, un accès à un public international et une véritable possibilité de défiler à Almaty ou à Tachkent. En réalité, ce concours forme l’ossature future de l’industrie — ceux qui en définiront le style et la direction dans les prochaines années.

La troisième direction — la présence internationale. L’Asie centrale attire déjà l’attention des médias et experts mondiaux, et cet intérêt ne fera que s’intensifier. Mais notre tâche n’est pas seulement de nous montrer au monde, mais d’entrer en dialogue avec lui sur un pied d’égalité, en proposant notre esthétique, de nouveaux sens et des valeurs.

En bref : la région possède une profondeur culturelle, des talents, des ambitions et un sens du temps. Nous construisons aujourd’hui le fondement, et dans quelques années, l’Asie centrale deviendra un participant à part entière, respecté et recherché sur la scène mondiale de la mode. Et je souhaite que cela se produise non grâce au succès isolé de quelques noms, mais grâce à un système solide que nous construisons dès maintenant — notamment grâce à des projets comme le Next Designer Award.

Le thème principal de cette saison de la Visa Fashion Week Tashkent est Vertigo. Que signifie pour vous ce concept et comment l’avez-vous interprété dans le cadre de la semaine de la mode ?

En ce qui concerne Vertigo, pour nous, ce n’est pas tant un concept strict de la saison qu’une humeur reflétant les processus actuels de l’industrie. Nous percevons Vertigo comme un état de mouvement intérieur, au moment où les créateurs, le public et la mode elle-même se trouvent dans une phase de recherche, de transformation et de réinterprétation. Il ne s’agit pas d’un thème littéral, mais d’une sensation d’immersion, lorsque les frontières entre l’espace, les émotions et le code visuel deviennent plus flexibles.

Ainsi, Vertigo n’est pas pour nous un slogan ni une idée directrice, mais une nuance artistique de la saison, reflétant le développement de la mode en Asie centrale : un mouvement dynamique, multiple, parfois vertigineux, mais toujours inspirant vers l’avant.

Photos: Ayana Ali

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