La collection Rolf Ekroth printemps–été 2026, intitulée « 189 Days Later — Encore », se présente comme un véritable manifeste de survie et de renouveau. Le créateur s’attache au pragmatisme, envisageant le processus même de création comme une stratégie d’adaptation à un monde instable. Au cœur du concept se trouve l’idée d’un perfectionnement constant, né d’une autoévaluation implacable et d’une relecture du passé.
Ses inspirations mêlent ses propres rituels de travail, l’esthétique britannique des années 1990, les bandes-son de films d’horreur et même des scènes matinales des Sopranos. Ces images hétérogènes se fondent en un discours cohérent sur la destruction et la reconstruction. Ekroth refuse délibérément toute sentimentalité, optant pour une réinterprétation rigoureuse et un élan audacieux vers l’avenir.
Un axe central de la collection réside dans la transformation des déchets en ressources précieuses. Ainsi, six vieux jeans deviennent des pantalons aux silhouettes nuageuses, tandis que des gilets de sauvetage trouvent de nouvelles formes — de structures tubulaires à des variations aériennes. Les peignoirs se déclinent en cinq versions : du carreau rouge à des modèles évoquant l’équipement de protection.
Une collaboration clé avec la société finlandaise LSJH, spécialisée dans le recyclage textile, permet de redonner vie à des tissus vintage et à du denim rejeté. Ce geste dépasse l’esthétique : il reflète une culture finlandaise de rationalité et de respect des objets.
Sur le plan technique, la collection s’appuie sur du nylon japonais et du coton enduit, développés en tandem avec la styliste Emma Saarnio. Les imprimés signés de l’artiste Matilde Diletta ajoutent une dimension émotionnelle : tulipes romantiques et coups de pinceau bruts cohabitent, tandis que d’autres motifs évoquent la combustion symbolique du passé pour un nouveau départ.
La palette chromatique privilégie des gris apaisants et des nuances denim, rehaussées d’éclats orangés et d’un éclat nacré. Les détails artisanaux deviennent des accents majeurs : un millier d’épingles composent une flamme mouvante, quinze mille perles forment une surface irisée, tandis que les découpes laser et les coutures brutes insufflent une énergie DIY authentique.
Les motifs ornementaux à pois apparaissent en perforations, imprimés et épingles décoratives. Les bijoux créés en collaboration avec Ildar Vafin et Diletta apportent une dimension organique et enracinée : des éléments argentés qui infusent une note botanique à une esthétique rigoureuse.
Avec « Encore », le créateur démontre non seulement une capacité de survie, mais aussi l’affirmation d’une écriture stylistique en pleine maturité. Chaque pièce prolonge les idées antérieures, portées à un nouveau degré de raffinement.
Photos : James Cochrane @CPHFW