Dans une veine cinématographique proche de l’univers de Sogo Ishii ou des néons stridents de Tetsuo: The Iron Man, LIBERE réaffirme sa singularité avec sa collection Printemps-Été 2026, intitulée “MUGEN SPECTRUM”. Présentée au cœur de Tokyo, cette saison convoque le spectrum infini d’une ville prise entre effondrement technologique, renaissance urbaine et accélération des affects.
Une ode post-numérique à Tokyo
Le mot “Mugen” (infini) fonctionne ici comme un manifeste : Tokyo devient le terrain de jeu d’un imaginaire où le chaos urbain est transformé en langage textile. Inspirée par le bruit visuel et auditif de la ville — les klaxons, les enseignes criardes, les architectures dissonantes — la collection cherche à matérialiser la saturation émotionnelle contemporaine.
Les silhouettes oscillent entre armures souples et déconstructions sensibles, mariant tissus techniques à textures haptico-visuelles, parfois brillantes, parfois distordues. Chaque pièce est pensée comme un objet-limite : entre vêtement et infrastructure.
Surchauffe visuelle et artisanat hyperactuel
Le vestiaire joue sur les contrastes : anoraks plissés et zippés, pantalons multipoches à volumes exagérés, vestes à reflets holographiques, t-shirts aux impressions fractales ou glitchées. Une technicité rigoureuse se combine à un désir d’explosion plastique, à la croisée du streetwear de laboratoire et du tailoring expérimental.
Les motifs puisent dans l’esthétique du bug informatique, du signal numérique altéré ou du diagramme d’analyse psychologique. On y devine des influences tirées de la culture rave, du cyberpunk, des archives militaires et du design interactif japonais.
Philosophie de l’éclatement
“MUGEN SPECTRUM” s’impose comme un manifeste pour une nouvelle corporalité urbaine, où chaque vêtement devient une interface entre l’individu et une ville-monstre, en constante mutation. LIBERE conçoit le vêtement comme filtre émotionnel, amplificateur d’identité et barrière symbolique contre la surcharge d’information.
La collection SS26 dépasse le simple exercice stylistique : c’est une expérience sensorielle totale, où Tokyo se fait fragment, pulsation, image composite d’un monde sur le point d’imploser — ou de se recomposer.
Avec “MUGEN SPECTRUM”, LIBERE ne propose pas une collection, mais une cartographie mentale du XXIe siècle, en 3D textile, à la fois nerveuse, introspective et radicalement contemporaine.
