Lorsque le Palais Brongniart se mue en scène performative, ce n’est plus une simple présentation de collection que propose Y-3, mais une fresque sensorielle. Le label né de la fusion entre adidas et Yohji Yamamoto a dévoilé sa collection printemps-été 2026 à travers un spectacle en quatre actes, abolissant les frontières entre vêtement et mouvement, sport et expression artistique.
La performance, dirigée par Kiani Del Valle et sa KDV Performance Group, fait du corps humain le vecteur principal d’un récit sans mots. Loin des défilés classiques, Y-3 convoque ici une dramaturgie du geste, où les interprètes incarnent la dualité fondatrice du label. Des solos à l’écho collectif, la scénographie chorégraphique épouse le motif des « Trois Bandes » – matérialisées en lumière dans le sable lors du dernier tableau – pour faire émerger une réflexion sur l’identité, le lien et la transformation.
Les silhouettes SS26 répondent à cette tension entre maîtrise et chaos. Viscoses froissées et luxes bruts révèlent un vestiaire athlétique poussé à l’extrême, mis à l’épreuve en temps réel par les performers. L’héritage des collections « Equipment » d’adidas (années 1990) est déconstruit, puis réassemblé avec une précision presque organique. Le contraste se matérialise jusque dans les finitions : bords francs, teintures dégradées uniques, coupes asymétriques – comme sur la version expérimentale de la RC6, chaussure de running revisitée en sculpture dynamique.
Le climax visuel réside dans la capsule 5 for 5, ode hybride à cinq athlètes iconiques liés au numéro 5 – Zidane, Bellingham, Edwards, Wilson – et à Yamamoto lui-même, dont le nom orne un maillot de baseball au tombé impeccable, ponctué de fines rayures entre costume et sportwear.
Cette proposition, viscérale et cérébrale, réaffirme l’essence même de Y-3 : la mode comme terrain d’expérimentation continue, où l’élégance se mesure à la justesse du geste, et le vêtement devient chorégraphie textile.
