Rares sont les expositions capables de conjuguer fascination ancestrale, rigueur scientifique et réflexion éthique avec autant de justesse. À l’occasion de ses dix ans de réouverture, le Musée de l’Homme dévoile à l’automne 2025 un parcours d’exception intitulé « Momies », où la mort devient un prisme éclairant la diversité culturelle et les représentations humaines de l’éternité.
| Détail de la robe et des mains d’une jeune fille momifiée à Strasbourg au 17e siècle © E. Quetel |
Neuf corps momifiés venus d’Égypte, du Pérou, des Îles Canaries ou encore de Strasbourg dialoguent avec des objets funéraires, des œuvres contemporaines (notamment les photographies de Sophie Zénon) et des données scientifiques issues des dernières recherches en bio-anthropologie. Ce voyage temporel et géographique explore les multiples techniques de conservation des corps – du boucanage à la thanatopraxie – tout en décryptant la charge symbolique de ces rituels.
L’exposition interroge également la patrimonialisation des restes humains, depuis les grandes campagnes archéologiques coloniales jusqu’aux débats actuels sur leur conservation, leur exposition et leur restitution. Les musées, naguère vitrines de l’exotisme, se doivent désormais de repenser leur rapport aux dépouilles humaines. Le parcours adopte une muséographie respectueuse : vitrines individuelles, fiches d’identité transparentes, dispositifs de médiation ajustés à la sensibilité des visiteurs.
Enfin, la dernière section offre une immersion dans les laboratoires contemporains où ces momies deviennent sources de savoirs : analyses génétiques, imagerie médicale, datation au carbone… autant de techniques qui permettent de reconstituer modes de vie, états de santé, croyances ou migrations, réinjectant dans ces corps figés la dimension vibrante de l’humanité.
Sous la direction scientifique d’Éloïse Quétel et Pascal Sellier, et accompagnée du catalogue Momies, mémoires révélées (Éditions MNHN, 272 pages, 39 €), l’exposition s’impose comme un événement majeur de la saison culturelle 2025-2026. Une invitation à repenser la mort non comme une fin, mais comme un pont entre science, mémoire et émotion collective.
Infos et réservations : www.museedelhomme.fr