Un Paris crépusculaire et habité par l’écho du passé sert de décor mental à la collection automne-hiver 2025/26 d’Ashi Studio. Dévoilée ce 8 juillet dans le cadre de la Semaine de la Haute Couture, cette nouvelle proposition du créateur saoudien s’impose comme une dérive poétique à travers les ruines du monde, un exercice de style érudit où le chaos devient matière première.
Née d’un fragment, d’une sensation captée sur les pavés ou dans les allées de marchés aux puces parisiens, la collection est un palimpseste : voiles usés, tapisseries anciennes, illustrations oubliées composent la toile de fond d’un récit mouvant. Le mannequin devient statue vivante, visage marbré, silhouette drapée dans des étoffes épaisses et séculaires. Une figure silencieuse, précieuse, presque liturgique.
La force d’Ashi réside dans sa capacité à marier le monumental au délicat. Chaque silhouette est une étude de contraste : corsets sculpturaux, plissés somptueux, incrustations de bois, de nacre, de pierres précieuses, plumes et dentelles. Une couture qui oscille entre cabinet de curiosités et autel post-moderne. Les références à Louise Bourgeois – et à ses corps cousus, blessés, réparés – infusent la collection d’une tension organique, presque psychanalytique.
Ici, aucune technique n’est sacrée, rien n’est figé. L’atelier devient laboratoire, où se mélangent artisanat ancestral et expérimentations textiles. C’est une haute couture désacralisée mais intensément exigeante, qui refuse le confort de la perfection lisse pour épouser les failles, les craquelures du réel.
Ce que propose Ashi Studio n’est pas tant une mode à porter qu’une émotion à éprouver. Un rituel esthétique, aussi mystérieux qu’intime, où la beauté ne réside plus dans l’évidence, mais dans la recherche constante du sublime – même dans la ruine. Une quête de raffinement ultime, à la frontière du visible et de l’ineffable.


















































































