Sous le soleil au zénith, la Ville éternelle vibre d’un tumulte exquis : Kendrick Lamar au Stadio Olimpico, Nick Cave dans l’écrin boisé du Parco della Musica, Caravaggio au Palazzo Barberini, Dalí et Miró qui se répondent d’un palais à l’autre. À la nuit tombée, les ruines de Caracalla s’enflamment d’airs lyriques tandis que le Colisée se laisse caresser par une lumière de miel.
À quelques pas de ce grand théâtre baroque, l’enseigne discrète de Portrait Roma cligne comme un clin d’œil cinémascope. Installé dans la maison particulière de Salvatore Ferragamo sur la Via Condotti, l’hôtel – tout juste honoré d’une Clef Michelin – déroule, sur quatre étages, la mémoire feutrée de la Dolce Vita : clichés Magnum des divas en gants d’opéra, croquis d’escarpins commandés par Ava Gardner, grains d’archives qui murmurent encore la voie lactée des années 50.
Quatorze studios seulement, habillés de soie champagne, de boiseries blondes et de malles haute-couture, composent une bulle de silence au cœur de la ferveur romaine. Ici, les miroirs biseautés reflètent l’église Trinità dei Monti ; là, une penderie capitonnée se cache derrière un panneau laqué ivoire. Tout culmine sur le rooftop, terrasse-caméra qui offre un travelling grandeur nature sur les coupoles de la ville : lever de soleil en tête-à-tête avec le Vittoriano, apéritif Negroni devant le ruban rose du crépuscule.
Pour prolonger le film, la réception glisse les clefs d’une Vespa rouge rutilante. Guidé par un cicérone expert – ou porté par un conducteur attitré – on file trois heures durant entre Panthéon et Fori Imperiali, Bocca della Verità et ruelles secrètes du Trastevere. Le souffle du vent dans les cheveux, les pavés qui claquent : impossible de ne pas rejouer le sourire d’Audrey Hepburn dans Vacances romaines.
Le soir, après un détour par les expositions Dalí ou Caravaggio, on regagne la Via Condotti, l’ombre des platanes stillée sur le marbre frais. Un dernier regard vers le ciel ultramarin : “Che bella Roma !” – et le rideau se referme sur une dolce vita réinventée, aussi légère qu’une robe de soie un soir de juillet.



















