Le velours gagne les murs, l’air frémit d’un parfum d’iris : elles arrivent. Dans le salon privé, les convives s’effacent devant La Nouvelle Cour, procession de muses insoumises qu’Elie Saab élève au rang de souveraines facétieuses. Leur emblème ? Le corset, re-naissant, moins carcan que clin d’œil sensuel : côtes gainées d’ébène, laiton martelé façon armure ou dentelle d’ombre qui frôle l’épiderme comme un secret inavoué.
Autour de cette cage délicieuse, le couturier orchestre l’excès. Les sheaths en moiré se fendent jusqu’à dévoiler la hanche, des jupes montgolfières en satin menthe glissent comme des bulles de champagne, tandis que les robes impériales arborent bouquets baroques – pivoines d’encre, dahlias or – imprimés ou tissés dans un brocart qui semble réverbérer la lumière des lustres.
La palette macaron – nude poudré, rose dragée, bleu eau, vert pistache – joue les ingénues face à l’austérité d’un noir souverain et d’or héraldiques ; contraste qui rappelle que la douceur n’exclut jamais la domination. Partout, des nœuds espiègles : brodés de perles sur un tulle illusion, gonflés de plumes à l’arrière d’une sirène ébène, ou suspendus tel un talisman à la taille d’une traîne.
À leurs poignets, des minaudières joaillières prolongent la main en sceptre d’apparat ; preuve que la couture, chez Saab, ne se contente plus d’habiller : elle équipe. Quand la nuit achève de mordre l’horizon parisien, un manteau-cape de velours cardinal balaie le parquet, avant qu’apparaisse la mariée : corolle perlée de fleurs lunaires, overskirt irisé comme une lueur d’aube – instant suspendu où le pouvoir cède la place au songe.
Sous l’opulence, le propos se précise : la féminité devient territoire de jeu, de plaisir et de souveraineté. Elie Saab ne se contente pas de couronner la femme ; il lui offre le royaume tout entier, pour qu’elle y dicte ses propres lois – irrévérente, radieuse, incontestable.




























































