Dans le clair-obscur des galeries joaillières du Musée des Arts Décoratifs, une rose suspendue semble palpiter. Eugenia Bruni l’a baptisée Rosina : nom de sa tante, muse discrète, et emblème d’une Calabre sauvage où affleurent souvenirs d’enfance, souffle de la terre et papillons guides. La collection – présentée les 8-9 juillet 2025 pendant la Couture Week – révèle huit parures qui étreignent la peau comme un secret d’alcôve.
Une rose-mandala, hymne à la création
Chaque pétale est un cœur sinueux ; chaque cœur, lorsqu’on retourne la pièce, se prolonge en lune gravée. Au creux du collier central, un dégradé de saphirs roses et de rubis bat comme un talisman, rappelant la petite fille qui survit en toute femme. En mouvement, les pavés de diamants captent la lumière puis la libèrent en pluie scintillante – écho à la rosée qui nimbait la fleur originelle aperçue par la créatrice dans la “Vallée du Mont”.







Métamorphoses précieuses
- Boucles d’oreilles : pétales modulables qui, détachés, se reconfigurent en croissants lunaires.
- Broche-pendentif : se fixe sur velours à la taille, s’accroche à un chapeau ou s’alanguit sur une chaîne d’or.
- Bague-embrace : corolle autour de l’index ; sous l’anneau, les pétales se muent en fines épines – rappel que la douceur s’arme de courage.
Ces jeux d’interchangeabilité célèbrent la pluralité féminine : tendre, sauvage, protectrice, libre.
Langage secret du revers
Au dos de chaque pièce palpite un micro-univers de cœurs et de lunes sertis, vocabulaire intime que seule la porteuse décodera : dialogue entre âme et cosmos, enfance et accomplissement. Pasquale Bruni réaffirme ainsi l’une de ses signatures : la joaillerie comme talisman émotionnel, pas simple ornement.
L’empreinte invisible des femmes
En dédiant la collection à sa tante Rosina – silhouette menue « mais pleine d’énergie, dévouée à la famille et à la terre » – Eugenia Bruni rend hommage à toutes celles qui œuvrent hors-champ et laissent pourtant une marque indélébile. La rose devient alors archétype : fragile en apparence, indomptable dans son cœur.
Exposition à Paris
Les parures Rosina étaient visibles jusqu’au 31 juillet dans le parcours « Trésors contemporains » du MAD, avant de rejoindre le salon privé de la maison à Valenza puis les plus importants salons de haute joaillerie internationaux.
Entre mandala de lumière et mythologie familiale, Rosina déploie une rose à double face : joyau de beauté frontale, mais aussi miroir secret où chaque femme peut reconnaître sa part sauvage et lumineuse – cette fleur intérieure qui, silencieusement, continue de s’ouvrir.

