Lorsque la Salle d’Argent se pare de velours jaune pâle et qu’une pluie de pétales en céramique rosit les murs, on entre dans un songe parisien : « La Rose Vivier », nouvelle Pièce Unique de la Maison, orchestrée par Gherardo Felloni et brodée par les ateliers Lesage .
Un tête-à-tête patrimonial
Roger Vivier et Lesage partagent une histoire tissée dans les années 1980 ; jamais encore cette complicité n’avait été célébrée par une capsule d’objets uniques. Felloni plonge dans les boîtes à trésors de la rue de la Grange-Batelière : broderies Art Nouveau, boutons XIXᵉ, plumes oubliées. Plutôt que de rééditer, il interprète : la rose d’archive éclot en huit Jewel bags Efflorescence et deux gilets qui prolongent la silhouette, comme un parfum dans l’air.
Huit variations, un même éclat
- La Passionnée : pétales de mousseline rouge « Tosca », crochet Lunéville, boucle Flower Strass écarlate – 60 h de travail.
- L’Éphémère : satin soleil fané, branches de soie, plumes de coq et d’oie, boucles citrine – 60 h.
- L’Éternelle : macramé de perles d’archive, architecture perlée en volume, boucles cristal perlé – 70 h.
- La Nocturne : bouquet noir Michonet, perles obsidiennes et gimp thread – 70 h.
- L’Astrale : tweed lamé argent, roses lunaires, franges bédies stellaire – 60 h.
- La Vertueuse, La Tendre, Les Miniatures : chacune décline la rose en velours vert graphique, mousseline corail ou boutons lilliputiens, de 50 à 60 h de broderie.
Les gilets Éphémère et Vertueuse requièrent, eux, 100 heures d’aiguille : véritables blasons textiles qui épousent le buste comme une chasuble précieuse.
Savoir-faire : quand la broderie devient structure
Ici, l’ornement n’est plus appliqué ; il structure l’objet. Perles vintage, fils métalliques argent patiné, plumes voûtées : chaque bag est un micro-édifice où la boucle Flower Strass – cœur scintillant – fait office de clef de voûte. La poignée-bijou, sculptée à la main en métal vieil argent saupoudré de strass, parachève l’équilibre entre douceur florale et rigueur joaillière.
Paris, capitale d’une rose éternelle
En magnifiant un motif issu de ses archives et en le confiant aux aiguilles de Lesage, Roger Vivier réaffirme la centralité des métiers d’art dans le luxe français. « La Rose Vivier » fonctionne alors comme un manifeste : une fleur peut être à la fois fragile et intransigeante, romantique et avant-gardiste. Un oxymore couture, à porter du bout des doigts, qui rappelle qu’à Paris la tradition n’est jamais immobile — elle se réinvente, pétale après pétale.