Du 18 au 21 septembre 2025, la haute nef du Grand Palais battra au rythme d’une effervescence « hors-cadre » : quatre jours de rencontres, projections, performances et concerts pour célébrer l’Art Brut et refermer en fanfare l’exposition « Dans l’intimité d’une collection. La donation Decharme » au Centre Pompidou .

Pas de vernissage compassé, mais une batterie d’échanges où conservateurs du MNAM, psychiatres et collectionneurs iconoclastes désosseront cette « boîte à outils » conceptuelle capable de révéler les marges que l’histoire de l’art ignore encore . Au micro : Bernard Blistène, Xavier Rey, Lucienne Peiry ou encore la théoricienne Corine Sombrun, aux côtés du collectionneur Bruno Decharme et de la chercheuse Barbara Safarova, tous artisans d’un champ qui refuse le académisme pour mieux ausculter la fulgurance créative .
La programmation cinéma – 27 films, de Une page folle de Teinosuke Kimugasa à Le miroir magique d’Aloïse de Florian Campiche – trace un atlas mental des « prophètes solitaires » : exclus, visionnaires, parfois reclus, dont la psyché déborde en architectures totémiques ou en alphabets obsédants . Le groupe Astéréotypie, né dans un Institut médico-éducatif, injectera sa poésie punk le soir de l’ouverture, rappelant que l’Art Brut est d’abord affaire de pulsion sonore autant que plastique .
La scénographie investit Salon et Auditorium Alexandre III, accessibles gratuitement de 10 h à 20 h sur simple réservation – une politique d’inclusion qui prolonge l’idée fondatrice de Dubuffet : l’Art Brut appartient à tous, pas seulement aux cimaises des musées . Pour les flâneurs, l’entrée se fera par la Rotonde Clarence Dillon, à deux pas des façades haussmanniennes, comme une passerelle symbolique entre boulevard institutionnel et territoires indociles .
Au-delà du programme, l’enjeu est stratégique : replacer Paris dans le circuit international d’un outsider art désormais star des ventes (la Collection David Tara à New York a franchi 12 M $ en juin). En offrant une agora où s’entre-croisent psychiatres de la transe cognitive, historiens de la Villa Arson et curateurs du Palais de Tokyo, le Grand Palais confirme qu’en 2025 le luxe culturel se niche dans la conversation et la collision, plus que dans le vernis décoratif. Le festival Art Brut promet ainsi de transformer le monument en laboratoire vivant, où l’inclassable file un coup de pied latéral aux hiérarchies esthétiques — et où chacun, qu’il vienne pour un film, un débat ou un riff d’Astéréotypie, repartira avec la conviction intime que la marge est désormais centre.

