Un voyage de la Terre à la Lune prend forme horlogère dans la nouvelle création Les Cabinotiers de Vacheron Constantin. Sertie de 365 diamants et animée par 839 composants dans seulement 12,15 millimètres d’épaisseur, la montre Moon Dust cristallise 410 heures de métiers d’art pour traduire les rêves intersidéraux du XIXe siècle en instrument de mesure cosmique contemporain.
Cette pièce unique illustre une convergence rare entre l’ambition technique et la poésie décorative. Le calibre manufacture 2755 GC16, héritier de la Tour de l’Île présentée en 2005, orchestre 16 complications dans une architecture où chaque fonction trouve sa place sans compromettre la lisibilité. Le tourbillon, dont la cage adopte la forme de la croix de Malte emblématique depuis 1880, régule ce ballet mécanique tout en servant d’indicateur de petite seconde. La répétition minutes, dotée d’un régulateur de sonnerie rotatif totalement silencieux utilisant la force centripète, transforme le temps en partition musicale avec une clarté acoustique optimisée par la géométrie du boîtier de 47 millimètres.
Le dispositif astronomique déploie une lecture triple du temps. Au recto, l’équation du temps matérialise l’écart entre jour solaire vrai et jour civil moyen, oscillant de -16 à +14 minutes selon la position elliptique de la Terre. Les heures de lever et coucher du soleil flanquent le tourbillon, tandis que le quantième perpétuel, programmé jusqu’en 2100, s’accompagne d’une réserve de marche serpentine coaxiale à l’aiguille du jour. Au verso, le temps sidéral s’affiche sur un disque céleste gravé des constellations, effectuant une rotation quotidienne accélérée de quatre minutes pour refléter les 23 heures, 56 minutes et 4 secondes du jour sidéral.
La dimension joaillière transcende l’ornement pour devenir narration cosmique. Le sertissage combine deux techniques distinctes : un sertissage rail de diamants baguette sur les surfaces planes – lunette sur deux rangs, fond de boîte, cornes et boucle déployante – et un serti neige parsemant la carrure de diamants taille brillant de neuf diamètres différents, de 0,7 à 2 millimètres. Cette « poussière de lune » qui donne son nom à la pièce évoque les particules cosmiques flottant dans l’espace intersidéral. Au total, 200 diamants taille baguette (environ 9 carats) et 165 diamants taille brillant (0,92 carat) requièrent 230 heures de sertissage minutieux.
La gravure en taille douce transforme les flancs du boîtier en théâtre cosmique. Côté couronne, un soleil darde ses rayons à travers les nuages vers la Terre, tandis que la carrure opposée révèle les planètes vues depuis la Lune. Les incisions, variant de 1/10e à 5/10e de millimètre, créent des reliefs subtils où surfaces polies et ciselées alternent pour accentuer la profondeur du panorama. Le guillochage rayonnant du cadran, réalisé manuellement sur tour traditionnel et teinté PVD bleu, évoque l’immensité stellaire tout en dialoguant avec le liseré opalin noir des compteurs.
Sandrine Donguy, Directrice Produit et Innovation, souligne la dimension narrative de cette création : « L’intervention des artisans d’art transforme cet instrument de mesure du temps en récit fascinant, évoquant les rêves de conquête spatiale du XIXe siècle. » Cette approche illustre la stratégie de Vacheron Constantin pour son 270e anniversaire, positionnant l’astronomie comme « fille fondatrice de l’horlogerie » et source de création infinie.
La miniaturisation représente un défi technique majeur : intégrer tourbillon et répétition minutes, mécanismes volumineux par nature, dans une hauteur de boîtier de 19 millimètres tout en préservant la qualité acoustique. Cette prouesse s’inscrit dans la tradition des Cabinotiers, département dédié aux pièces uniques où l’innovation technique dialogue avec l’interprétation artistique depuis la création de cet atelier en 1755.
Le marché de la haute joaillerie horlogère, segment en croissance constante représentant environ 15% du marché global du luxe horloger, voit dans ces créations hybrides l’expression d’une demande pour des pièces transcendant les catégories traditionnelles. Moon Dust incarne cette tendance où la complication technique devient prétexte à l’expression artistique, transformant l’observation astronomique en odyssée sensorielle entre précision mécanique et éclat diamantaire.



















