Home ModeDunhill célèbre l’art du présent avec sa collection Gifting : quand l’excentricité britannique rencontre l’artisanat séculaire

Dunhill célèbre l’art du présent avec sa collection Gifting : quand l’excentricité britannique rencontre l’artisanat séculaire

by pascal iakovou
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Dans l’univers feutré des maisons de luxe masculin, dunhill occupe depuis 1893 un territoire singulier : celui de l’élégance pragmatique teintée d’une excentricité toute britannique. Pour les fêtes de fin d’année, la maison fondée par Alfred Dunhill dévoile une collection d’objets pensés pour marquer le moment avec cette « quiet distinction » — distinction discrète — qui constitue sa signature depuis plus de 130 ans. Loin des cadeaux convenus, ces pièces puisent dans les archives d’une maison qui a fait du briquet, de l’accessoire de fumeur et de l’objet de bureau de véritables déclarations esthétiques.

La collection frappe d’abord par son amplitude : du jeu de dominos en laque noire niché dans un écrin de chêne anglais à la malle à cocktails en cuir bridé dotée de sa serrure gravée dunhill et de l’intégralité des accessoires de bar, chaque pièce conjugue fonction et panache. Une flasque en étain ornée d’armoiries gravées, un set de poker façon despatch en cuir de veau accompagné de son jeton de dealer plaqué argent — autant d’objets qui négocient avec élégance la frontière entre utilité et indulgence hédoniste. Un cheval origami sculpté en argent sterling, inscrit de l’adresse de Bourdon House dans le style d’une enveloppe manuscrite, incarne ces gestes qui définissent la saison des présents.

Mais c’est dans le domaine des briquets que dunhill déploie toute la mesure de son savoir-faire légendaire. Le briquet Aquarium à libellule poursuit une narration « singulièrement dunhillienne » inspirée des jardins anglais. Cette pièce spectaculaire perpétue une tradition inaugurée en 1949 par Ben Shillingford, artisan britannique qui développa une technique unique de gravure et de peinture inversée sur panneaux de Lucite. Chaque face est sculptée à l’aide d’outils dentaires et peinte à la main selon la méthode de l’intaille inversée — un procédé si exigeant que, lorsque Shillingford prit sa retraite à la fin des années 1950, personne ne put reproduire son travail. La production cessa jusqu’à la réédition en 2023, pour le 130e anniversaire de la maison. L’artisan qui réalise aujourd’hui ces pièces cumule plus de 40 ans d’expérience, ayant notamment œuvré pour la famille royale britannique.

Les briquets Aquarium vintage atteignent désormais des valorisations considérables sur le marché secondaire : entre 9 000 et 12 000 dollars pour les modèles de série, jusqu’à 38 000 dollars pour certaines commandes privées. Winston Churchill lui-même possédait un exemplaire qu’il conservait sur son bureau — un pedigree qui confère à ces objets le statut de pièces de collection autant que d’instruments fonctionnels.

La collection comprend également le briquet de table coupe-cigare, plaqué argent et d’une architecture audacieuse, qui marie performance et présence sculpturale. Le briquet Rollagas gainé de peau de chèvre et plaqué or offre une réinterprétation tactile d’une icône née en 1956, époque où cette innovation technique — système de butane régulé, flamme constante quelles que soient les conditions climatiques — séduisit des figures telles qu’Ian Fleming ou Elvis Presley, qui possédait une édition en or 14 carats. Les apparitions cinématographiques du Rollagas dans Dr. No (1962) et L’Homme au pistolet d’or (1974) ont achevé d’ancrer cet objet dans la mythologie culturelle du XXe siècle.

L’inscription de l’adresse de Bourdon House sur le cheval origami n’est pas anodine. Cette demeure géorgienne classée Grade II*, construite en 1723 et ancienne résidence du duc de Westminster jusqu’en 1953, abrite depuis 2008 le flagship londonien de dunhill. Seule villa géorgienne indépendante de Mayfair, elle incarne la philosophie de la maison : transformer l’acte d’achat en expérience immersive. Cave à cigares avec humidor accessible, salon de barbier traditionnel, cinéma privatif de 12 places, restaurant Alfie’s — l’espace cultive cette tension féconde entre héritage et contemporanéité que Simon Holloway, directeur de la création, insuffle à chaque collection.

Dans un marché du luxe masculin où la quête d’authenticité prime désormais sur l’ostentation, dunhill joue une partition singulière. Ces objets de gifting ne se contentent pas d’afficher un logo : ils racontent une histoire, celle d’une maison qui a su traverser les époques en préservant l’exigence artisanale tout en cultivant cette « tasteful eccentricity » — excentricité de bon goût — qui la distingue des concurrents continentaux. Comme le résume la maison elle-même : « Britishness defines us – English style sets us apart. »

Pour plus d’informations : dunhill.com

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