Il faut gravir la côte de Beines pour comprendre le sens du mot « effort ». Là, entre ciel et craie, s’étend le Chablis Premier Cru Vau de Vey, l’un des terroirs les plus vertigineux du vignoble chablisien. Jadis abandonnée après le phylloxéra, cette vallée aux pentes de 45 à 50 % fut longtemps jugée incultivable : ni chevaux ni engins ne pouvaient y travailler la terre. C’est pourtant ici, sur ces coteaux extrêmes exposés sud-sud-est, que la famille Durup, figure historique de Maligny, a choisi de redonner vie à un pan oublié de Chablis.
Avec sept hectares de vignes en production, le domaine Durup est aujourd’hui le principal propriétaire du climat « Vau de Vey ». Les sols, d’une pauvreté minérale saisissante, forcent les racines à s’enfoncer profondément pour trouver l’eau nécessaire à leur survie. Un drainage spécifique a été mis au point pour prévenir l’érosion — preuve d’une viticulture d’équilibre et de respect du paysage.
Le résultat est un vin de tension et d’élégance : un Chablis Premier Cru typique, où la minéralité calcaire rencontre une chair fruitée, presque solaire. Le millésime 2024 se distingue par sa droiture et son intensité : nez franc, sur les agrumes, la pierre humide et les fleurs blanches ; bouche tendue, vibrante, qui s’arrondit en finale sur une salinité délicate. C’est un vin de relief, mais jamais d’austérité — une partition claire entre acidité et amplitude, idéale pour accompagner poissons grillés, coquillages ou crustacés iodés.
Le Chablis Premier Cru « Vau de Vey » illustre la beauté du risque : celui d’une viticulture sur le fil, exigeante, où la pente devient source d’énergie et de pureté. Dans un monde viticole souvent nivelé, ce cru revendique l’altitude comme signature.


