L’Automobile Club de France, institution vénérable fondée en 1895 qui a vu défiler un siècle d’innovation mécanique, lance la neuvième édition de son Grand Prix ACF AUTOTECH. Dans un secteur automobile en pleine mutation technologique – électrification, autonomie, connectivité –, ce concours international s’impose progressivement comme l’un des labels de référence pour identifier les startups capables de survivre au-delà des levées de fonds spectaculaires et des effets d’annonce.
Un palmarès qui parle de lui-même
Les chiffres avancés par les organisateurs plaident pour la robustesse du dispositif. Depuis 2018, quarante-six startups finalistes ont été distinguées. Ensemble, elles ont levé plus de 650 millions d’euros avec un taux de faillite exceptionnellement bas : une seule défaillance en sept ans. Dans un écosystème startup où les disparitions précoces constituent la norme statistique, cette performance mérite attention.
Richard de Cabrol, fondateur et coordinateur du concours, revendique cette sélectivité comme marque distinctive. Lors de la soirée d’inauguration, il déclarait : « Le Grand Prix ACF AutoTech parle par la réussite grandissante de ses finalistes années après années. Cela prouve la qualité de la sélection et nous positionne en tant que label de startups d’excellence du secteur. Cette robustesse s’explique aussi par le fait que ce ne sont pas des startups qui lèvent en une fois 1 milliard. Nos startups lèvent sans se mettre en danger et ont compris la différence entre vendre et se vendre. »
Cette philosophie tranche avec l’approche dominante de l’écosystème tech, souvent obnubilé par les valorisations mirobolantes et les tours de table records. Ici, la prudence financière et la solidité du modèle économique priment sur l’ivresse des millions instantanés.
Gouvernance et légitimité institutionnelle
Le concours se tient sous le haut patronage de Yann de Pontbriand, président de l’Automobile Club de France, et de Thierry Peugeot, président du Club Auto & Mobilité de l’ESSEC. Cette double tutelle – institution historique automobile et grande école de commerce – confère au dispositif une légitimité qui dépasse le simple événement de networking entrepreneurial.
Le jury réunit des personnalités influentes issues des secteurs automobile et financier, auxquelles s’ajoutent des fondateurs de startups lauréates des éditions précédentes. Pour 2026, deux nouvelles figures rejoignent ce panel : Carla Gohin, directrice de la stratégie du Groupe Forvia (équipementier automobile majeur), et Laetitia Carle, vice-présidente de France Digitale, l’association de référence des entrepreneurs et investisseurs français du numérique.
Nouveaux partenaires stratégiques
L’édition 2026 s’enrichit de partenariats significatifs. AVP Capital, fonds d’investissement international gérant plus de 2,5 milliards d’euros, rejoint le dispositif aux côtés de huit autres fonds déjà partenaires. Cette arrivée confirme l’attractivité croissante du concours auprès des investisseurs institutionnels.
BPI France et La French Fab, initiative gouvernementale de valorisation de l’industrie française, deviennent également partenaires. Ils remettront, avec la Plateforme Automobile (PFA), un prix de l’industrialisation à l’un des anciens finalistes depuis 2018. Cette reconnaissance tardive d’un lauréat passé illustre la volonté d’accompagnement sur la durée plutôt que la célébration éphémère d’un soir de remise de trophées.
Les autres partenaires historiques – Crédit Agricole Personal Finance & Mobility, Forvia, OPmobility, FIDAL, MOTUL et Renault Group – constituent un écosystème complet couvrant financement, équipement, conseil juridique et intégration industrielle.
Trois trophées, trois trajectoires
Le concours distingue trois catégories reflétant différents stades de maturité entrepreneuriale. Le Grand Prix ACF récompense les startups les plus avancées dans leur développement commercial et industriel. Le Prix Pionnier ACF cible les jeunes pousses en phase d’amorçage (seed), reconnaissant ainsi que l’innovation nécessite du temps avant d’atteindre le marché. Enfin, la Mention GPACF GreenTech honore la startup finaliste dont le produit contribue le plus significativement aux enjeux environnementaux – thématique devenue incontournable dans un secteur automobile confronté aux réglementations climatiques européennes de plus en plus contraignantes.
Les récompenses dépassent la simple reconnaissance symbolique. Les lauréats bénéficient d’une visibilité forte auprès des professionnels du secteur, d’un accompagnement personnalisé financier et juridique, d’un coaching stratégique, d’un accès privilégié à un réseau d’investisseurs et de décideurs clés, ainsi que d’un appui pour le recrutement de développeurs et l’implantation internationale.
Modalités de candidature exigeantes
L’appel à candidatures, ouvert jusqu’au 28 novembre 2025 à 23h59, impose un formalisme précis révélateur de l’exigence du jury. Le deck de candidature, limité à neuf diapositives maximum, doit impérativement inclure : présentation de l’équipe et de l’actionnariat, description du produit ou service, problématique adressée, marché visé, analyse concurrentielle (trois à cinq acteurs majeurs), modèle économique, coopérations envisagées avec les partenaires du Grand Prix, impact environnemental et sociétal. Une diapositive de synthèse doit ouvrir le document.
Le règlement prévient sans ambiguïté : en l’absence de ces éléments, le jury attribuera la note de zéro pour le critère concerné. Cette rigueur méthodologique impose aux candidats une clarté stratégique et une capacité de synthèse – qualités essentielles pour convaincre ultérieurement investisseurs et clients.
Particularité notable : les candidats choisissent quels partenaires auront accès à leur dossier lors de la candidature, quels que soient les résultats. Les startups finalistes peuvent également demander qu’un membre du jury identifié comme concurrent direct ne reçoive pas leur dossier. Le juré concerné s’abstiendra alors de toute évaluation lors des délibérations. Cette clause de confidentialité témoigne d’une compréhension fine des enjeux de propriété intellectuelle et de concurrence dans un secteur où les innovations peuvent être rapidement copiées.
Calendrier serré
La mécanique du concours s’étale sur cinq mois. Clôture des candidatures le 28 novembre 2025, annonce des demi-finalistes le 8 janvier 2026, révélation des six finalistes le 10 février, et finale en direct avec remise des prix le 15 avril 2026 à l’Automobile Club de France, place de la Concorde. Cette temporalité rapide maintient la dynamique entrepreneuriale tout en laissant aux jurés le temps d’évaluer sérieusement chaque dossier.
Contextualisation sectorielle
Le Grand Prix ACF AUTOTECH s’inscrit dans un paysage automobile français en pleine recomposition. L’industrie historique – Renault, PSA devenu Stellantis, les équipementiers Valeo, Faurecia (aujourd’hui Forvia) – fait face à une double transformation : technologique (électrification, autonomie, services de mobilité) et concurrentielle (montée en puissance de Tesla, des constructeurs chinois, des géants technologiques américains).
Dans ce contexte, l’innovation ne provient plus exclusivement des centres de recherche intégrés des grands groupes, mais aussi d’un foisonnement de startups spécialisées dans des briques technologiques spécifiques : batteries, logiciels de gestion énergétique, systèmes d’aide à la conduite, plateformes de mobilité partagée, solutions de recharge, matériaux composites, etc.
Le rôle de détection et d’accompagnement joué par des dispositifs comme le Grand Prix ACF AUTOTECH devient alors stratégique pour l’ensemble de la filière. Il ne s’agit plus seulement de célébrer l’innovation, mais d’identifier précocement les technologies et les équipes capables de s’industrialiser et de s’intégrer dans les chaînes de valeur existantes.
Invitation à candidater
Les startups souhaitant participer disposent jusqu’au 28 novembre 2025 à 23h59 pour déposer leur candidature sur le site officiel www.grandprixacfautotech.com. Au regard des résultats des éditions précédentes et de la qualité croissante du jury et des partenaires, le jeu semble valoir la chandelle pour toute jeune pousse ambitieuse dans l’automobile.