Home Food and WineVins et SpiritueuxDomaine la Perruche : Saumur Blanc Les Rôtissants 2023 – Art du Millésime et Savoir-Faire de la Loire

Domaine la Perruche : Saumur Blanc Les Rôtissants 2023 – Art du Millésime et Savoir-Faire de la Loire

by pascal iakovou
0 comments

L’attaque est droite, presque graphique : un chenin de Loire qui épouse la craie et la fait chanter. Le Saumur Blanc « Les Rôtissants » 2023 du Domaine de la Perruche revendique une lecture précise du tuffeau – ce calcaire tendre, signature de la rive ligérienne – et de son cortège de « perruches », ces petites pierres d’argile et de silex qui réverbèrent la chaleur et affinent la maturité aromatique. Au nez, l’agrume est sculpté (zeste de citron), la bouche pulse sur une vivacité saline, une fine amertume « de cépage » qui allonge la finale : un classicisme ligérien assumé, sans sucre résiduel perceptible, cadré à 12% d’alcool pour une buvabilité précise.

Le décor, lui, est taillé dans la roche : Montsoreau, bourg starisé par son château et un patrimoine troglodytique spectaculaire, où le domaine a installé son chai et ses galeries d’élevage. Cette altitude de plateau surplombant la Loire protège des gelées printanières et optimise l’ensoleillement estival ; l’autre îlot de parcelles, plus caillouteux et orienté sud-est, complète la partition. Le résultat : un 100% chenin, vendangé manuellement après effeuillage à la véraison et dégustation des baies parcelle par parcelle, élevé six mois (cuves inox, dont 40% de fûts), qui privilégie le tranchant et la sapidité.

Dans le verre, on retrouve la grammaire attendue des Saumur Blancs — floralité blanche, agrumes, fraîcheur — avec cette touche « crayeuse » qui signe les terroirs du Saumurois. Servi à 8–10 °C, « Les Rôtissants » se montre admirable à l’apéritif, sur une noix de Saint-Jacques crémée, une volaille à la peau dorée, ou des fromages à pâte dure (Comté 18 mois, Beaufort d’été) où sa salinité nette vient lisser la matière et relancer le gras. La garde raisonnable (2 à 3 ans) confirme l’intention : capter l’énergie d’un millésime et la livrer sans fioritures œnologiques.

Si le chenin se prête aux visions baroques comme aux lignes minimalistes, « Les Rôtissants » 2023 opte pour la seconde : la précision du fruit, le nerf, la finale accrocheuse. On saluera ici la cohérence terroir-gestes : effeuillage manuel, tri par dégustation des pépins, élevage mesuré ; autant de choix qui préservent l’ossature saline et mettent en relief des marqueurs « tuffeau ». D’ailleurs, le domaine rappelle la définition de ces fameuses « perruches » — petits cailloux d’argile et de silex — dont l’alliance avec le calcaire compose une matrice idéale pour un chenin sec, vibrant et digeste.

On n’omettra pas l’évidence gastronomique : la cuvée convoque l’iode (huîtres fines de claire, palourdes au jus de persil), mais surtout magnifie la chair nacrée (bar, lieu jaune vapeur) et le croustillant des volailles rôties, qui trouvent dans sa tension une réplique rafraîchissante. Pour un accord signature « fromages & Loire », on le marie à un vieux Cantal ou un Laguiole — la pointe d’amertume du chenin fait vibrer les cristaux de tyrosine —, tandis qu’un crottin affiné demandera davantage de chair (préférer alors un chenin demi-sec).

Enfin, une note de style : la propriété, fondée dans les années 1960, déroule 25 hectares au-dessus de la Loire. On y goûte, au cœur des caves troglodytes, la verticalité d’un paysage autant que d’un cépage. « Cette cuvée d’exception issue d’une parcelle aux chenins solaires dévoile avec générosité des arômes exotiques », rappelle le communiqué — une promesse tenue sans esbroufe, avec l’élégance discrète qui sied aux grands chenins de Saumur.

Données techniques (communiqué) : 100% chenin ; terroir de perruches (argiles + silex) sur tuffeau ; élevage 6 mois (inox, 40% fût) ; 12% vol. ; sucres résiduels < 0,5 g/L ; service 8–10 °C ; garde 2–3 ans.

Related Articles