Home Beauté et parfumsGelsomino a Freddo : le jasmin sublimé à froid dans la lumière italienne

Gelsomino a Freddo : le jasmin sublimé à froid dans la lumière italienne

by pascal iakovou
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Le geste est d’une lenteur presque liturgique : des pétales de jasmin, cueillis à l’aube, sont délicatement posés sur une couche de beurre végétal pendant 48 heures, avant d’être renouvelés jusqu’à saturation aromatique. C’est la technique ancestrale d’enfleurage à froid, rare en parfumerie contemporaine, qui permet de saisir l’intégralité du spectre olfactif de la fleur sans la brusquer – une opération répétée six à dix fois selon la teneur en parfum.

Acqua di Parma inscrit ainsi Gelsomino a Freddo dans sa collection Signatures of the Sun, famille noire consacrée aux matières premières magnifiées par la lumière méditerranéenne. Porté par la parfumeuse Daphné Bugey – connue pour son instinct d’aventurière et ses compositions à contre-courant – le jus orchestre un clair-obscur inédit :

  • Tête : éclat zesté de citron de Calabre, piquant de poivre rose, amertume d’armoise.
  • Cœur : infusion d’enfleurage de jasmin, liqueur de thé noir, velours d’iris.
  • Fond : bois de gaïac fumé, cypriol terreux et patchouli indonésien, pour un sillage boisé-minéral capable de séduire peaux féminines et masculines.

Le contraste entre la transparence florale et les facettes sombres du thé rappelle la dualité ombre/lumière des palais italiens au soleil couchant : un parti pris que la réalisatrice Massimiliano Bomba traduit dans un film muet tourné en pellicule, privilégiant le jeu des reflets sur verrière plutôt qu’un storytelling littéral.

L’art du temps comme ingrédient

L’enfleurage, né à Grasse au XVIIIᵉ siècle, est aujourd’hui réservé aux matières les plus fragiles – jasmin, tubéreuse, gardénia – dont les molécules se dégradent sous la chaleur de la distillation. En choisissant cette méthode chronophage, Acqua di Parma revendique une slow perfumery cohérente avec son héritage artisanal fondé en 1916 : faire de la patience un luxe.

Flacon et ligne de prix

Le jus ambré se love dans le flacon épuré de Signatures of the Sun : verre cristallin, étiquette ivoire rehaussée d’un galon noir, bouchon laqué assorti. Trois formats (50 ml – 220 €, 100 ml – 310 €, 180 ml – 395 €) rejoindront les comptoirs à partir du 2 septembre 2025, date de levée d’embargo. Un travel-spray 12 ml complète l’offre, tandis qu’une bougie, un diffuseur et un duo bain/corps « Zafferano » élargissent le rituel maison.

Pourquoi il compte

  • Réhabilitation d’un savoir-faire : l’enfleurage reparaît dans la parfumerie mainstream, jusqu’ici cantonné à quelques laboratoires artisanaux.
  • Écriture genderless : la fraîcheur jasminée, souvent associée à la féminité, s’adosse ici à un lit boisé-fumé qui parle aux collectionneurs masculins comme aux amatrices de fleurs racées.
  • Co-héritage : Gelsomino a Freddo s’inscrit dans la stratégie d’Acqua di Parma visant à greffer des matières premières solaires (Yuzu, Sakura, Ambra) sur une architecture Colonia intemporelle, consolidant la ligne noire comme levier de montée en gamme.

En emprisonnant la lumière du jasmin dans un souffle nocturne de thé fumé, Acqua di Parma signe une partition paradoxale : un parfum qui dit le calme de l’ombre tout en éclatant de lumière – la quintessence, peut-être, de l’élégance italienne contemporaine.

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