Chez doublet, la frontière entre vêtement, performance et illusion devient floue. Pour sa collection SS26, Masayuki Ino signe un défilé halluciné autour du thème du cirque, du freak show, et de la perception altérée — une mise en scène poétique du bizarre.
Intitulée “Freaks and Illusions”, la collection transforme la silhouette comme un prestidigitateur jouerait avec l’œil du spectateur. À première vue, les pièces semblent familières, mais à mesure que le regard s’attarde, elles se métamorphosent : un t-shirt devient un manteau, un pantalon s’ouvre pour dévoiler une autre forme, des tissus changent de texture en mouvement. L’illusion est partout — dans les volumes réversibles, les motifs cachés, les effets 3D imprimés.
Les matières sont volontairement trompeuses : du polyester imprimé façon denim ou cuir, des broderies animées par l’effet de la marche, des textiles réfléchissants qui réagissent à la lumière UV. Le créateur joue aussi avec des pièces semi-transparentes portées sur des bases plus rigides, créant des jeux de duplication et d’hallucination visuelle.
Le casting mixe silhouettes atypiques, membres amputés et corps non normés dans un hommage assumé aux artistes de cirque — sans pathos, mais avec une générosité inclusive. Le tout, renforcé par une bande-son électro carnavalesque et un décor inspiré de fêtes foraines psychédéliques, où les mannequins surgissent d’un rideau de miroirs.
La collection SS26 ne cherche pas à être belle selon les codes classiques : elle revendique un autre regard, une vision où la transformation est la vraie finalité de la mode. Une ode au mouvement, à l’impermanence, et à la surprise textile. Chez doublet, l’étrange devient émouvant, et la mode un terrain d’illusions où chacun peut se réinventer.
