Home ModeMordecai PE26 : l’étreinte comme langage universel

Mordecai PE26 : l’étreinte comme langage universel

by pascal iakovou
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La nouvelle collection Printemps-Été 2026 de Mordecai, signée Ludovico Bruno, se déploie comme un poème du contact humain. Au cœur du récit, une scène ambiguë : deux judokas s’enlacent. Est-ce un combat ou une étreinte ? La frontière se brouille, et c’est dans cet entre-deux que naît la beauté du geste.

Le contact comme matière première

Inspirée par une vidéo bouleversante de retrouvailles entre deux frères séparés par la guerre, la collection traduit cette intensité émotionnelle dans des textures tactiles : tapis Suzani, foulards indiens à pois, rayures masculines, transposés sur des coupes-vent en nylon. Les œuvres d’Alessandro Mannelli deviennent imprimés : deux visages face à face, front contre front — affrontement ou baiser suspendu ? Une référence à Janus, dieu aux deux visages, comme métaphore du passage du passé vers le présent.

Entre protection et dévoilement

Les matières jouent le contraste : cotons légers, toiles militaires, wax imperméable. Les coupes, amples mais affinées, traduisent une volonté de confort et de fluidité. Une veste sans manches anatomique sculpte pectoraux et abdominaux, protégeant et révélant à la fois. La palette chromatique évoque la terre et le corps : blanc cassé, ivoire, verts mousse et militaire, glaise, bleu judo, curry brûlé.

Un vestiaire narratif et performatif

Présentée dans un gymnase, la mise en scène met en valeur l’uniforme sportif — judo, karaté, lutte gréco-romaine — où l’acte de s’habiller et se déshabiller devient rituel. L’instant est ponctué par la voix du comédien Roberto Herlitzka, récitant La pioggia nel pineto, poème de Gabriele D’Annunzio, qui ancre la collection dans une dimension presque sacrée.

Louise Bourgeois en filigrane

En fil rouge, un hommage à Louise Bourgeois, dont l’œuvre obsédée par le corps et ses tensions inspire la traduction graphique des étoffes. Chez Bruno, comme chez Bourgeois, l’étreinte peut être aussi bien guérison que confrontation.

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