S’il est un fil rouge dans l’histoire de la couture, c’est bien celui de la mémoire revisitée. Et Yulia Yanina en tisse cette saison une trame somptueuse avec Beauty is Forever, collection Automne-Hiver 2025/26 dévoilée à l’Hôtel Marcel Dassault lors de la Semaine de la Haute Couture parisienne. Dans cette élégie textile, la fondatrice de Yanina Couture revisite ses propres archives, érigeant les arabesques en motif fondateur d’un récit de beauté atemporelle.
Ici, les broderies ecclésiastiques flirtent avec les fresques de plafonds baroques, les portes de château deviennent des corsets, et les ornements dorés se muent en bas-reliefs couture. Chaque silhouette évoque une héroïne mythologique qui, loin d’avoir à séduire ou convaincre, incarne une assurance tranquille. Dans la palette monochrome signature — noir et blanc d’un classicisme vibrant —, tailleurs de laine, robes de tulle brodé, velours sculptural et satin architectural se répondent dans un ballet de textures et de lignes.
Ce qui rend la collection fascinante, c’est cette capacité à faire dialoguer passé et présent sans tomber dans la nostalgie. Grâce à des techniques réactivées (découpe Richelieu, broderie bas-relief, point de satin structurant) et à une mise en œuvre d’une finesse absolue, chaque pièce devient une capsule de mémoire artisanale. Les motifs floraux — feuilles, branches, fleurs — traduisent à leur tour une volonté de renaissance, de continuité organique.
Avec cette collection, Yulia Yanina revendique un droit rare en couture : celui de s’auto-citer. Une posture audacieuse mais légitime, après plus de trois décennies de création. Beauty is Forever n’est pas une simple rétrospective, mais une transmutation : les archives deviennent langage, les détails sacrés, et la femme — déesse contemporaine — y trouve armure et révélation.
Entre art décoratif, spiritualité et souveraineté féminine, Yanina Couture signe une collection manifeste, où l’intemporel se décline à travers le geste, la forme et l’âme. Une collection qui murmure que le beau — le vrai, le profondément incarné — ne vieillit jamais.
























































