À 13 h 30 pétantes, le rideau de velours rouge de l’Opéra-Comique s’est entrouvert sur un souffle : celui d’une « Silent Symphony » dirigée par Peet Dullaert. Au rythme feutré des pas d’Anastasia Ivanova – ouverture – jusqu’au rayonnement final de Gia Bab, le créateur néerlandais a présenté une partition tournée vers le « beauty of being » : une ode à la vie silencieuse de nos corps, à cette élégance qui s’exprime entre deux frémissements plutôt que dans l’éclat tapageur des paillettes.
Le corps, espace sacré
Chaque coupe dégage les clavicules, la scapula, la nuque ; comme si le vêtement se faisait confident pour mieux célébrer la fragilité majestueuse de ces zones sensibles. Cool wools, tulle, voiles diaphanes et techno-plissés maison épousent la silhouette sans jamais la contraindre : une « seconde peau » cousue entièrement à la main, fils après fils, dans l’atelier parisien. Le résultat : une fluidité presque liquide qui permet à la femme connectée de taper sur son smartphone ou de saisir un train sans perdre une once de statuaire allure.


















































































Flou-tailoring et techno-pleating, manifeste d’innovation artisanale
En filigrane, la collection poursuit trois signatures Dullaert :
- Suiting pour posture moderne : découpe biaise au dos et sur les bras, libérant la gestuelle contemporaine.
- Flou-tailoring : drapé en direct sur corps vivant, abolissant le mannequin statique.
- Techno-pleating : plissé traité par un seul artisan, mémoire d’irréversible, qui rend le vêtement infroissable et nomade.
Couture du futur, production responsable
Toutes les pièces sont made-to-order, expédiées en emballage recyclé et via un flux logistique carbone-neutral. Dans la fosse, les notes éthiques résonnent autant que celles de l’orchestre : une couture qui revendique la lenteur, la conscience et la durabilité.
« Certains silences parlent plus haut que les clameurs ; mes vêtements habitent cet intervalle », glisse Peet Dullaert en coulisses, saluant Hatem Ben Hassine (casting), Ilham Mestour (hair), Hannah Rosie Bennett (make-up MAC) et la photographe Iulia Matei qui figea le moindre plissé.
Avec Silent Symphony, Peet Dullaert n’enrobe pas le réel : il l’accueille, le respire, et nous offre un vestiaire cousu à même l’âme, prêt à accompagner nos tempêtes numériques par la grâce d’un silence bien accordé.

