Un lundi d’orage esthétique s’est abattu sur l’Hôtel Pozzo di Borgo, à Paris. Dans cet écrin historique chargé de mémoire, Tony Ward a livré une collection automne-hiver 2025/26 d’une intensité rare, où l’avant-garde couture épouse le mystère d’un bal masqué futuriste. Masks of Steel. Shadows of Lace. — tel était le manifeste visuel d’un défilé qui brouille les pistes entre protection et dévoilement, structure et sensualité.
Ici, les masques d’acier ne dissimulent pas. Ils révèlent. À travers des éclats métalliques, des transparences savamment maîtrisées et une série de silhouettes corsetées encadrées de fluidité, la maison Ward joue la carte du contraste maîtrisé. Les robes deviennent armures, les broderies explosent comme des architectures textiles et le drame se lit dans chaque plissé, chaque fente, chaque reflet.
La palette, volontairement contrastée, oscille entre tons célestes et terrestres, rouges profonds et reflets fondus de métaux. L’ensemble évoque une alchimie stylistique où chaque pièce semble figée entre deux époques : la féerie baroque d’un Versailles déstructuré et la rigueur dystopique d’un futur opalescent. Certaines robes, véritables totems artisanaux, requièrent jusqu’à 700 heures de travail minutieux — affirmation d’un savoir-faire qui refuse la précipitation.
La beauté, elle aussi, se veut sculpturale : peau lumineuse, pommettes dessinées comme des bas-reliefs, regards fardés de bronze chaud et chevelures effet mouillé. Chaque mannequin — parmi lesquelles Didi Stone, Maria Borges, Esha Gupta ou encore Afiya Bennett — devient un personnage, une énigme en mouvement, emportée par la cadence dramatique d’un show à la lisière du rituel.

























Chez Tony Ward, l’habit devient narration. Et cette saison, le récit s’inscrit entre les lignes du métal, des tissus et des éclats de lumière : une couture qui n’oppose pas le rêve à la réalité, mais les entrelace pour révéler la puissance esthétique du mystère.

