À peine les voiles translucides se sont-ils levés que l’on croit voir la surface de l’Atlantique se plisser sous la verrière de Jean Nouvel : Bahareh Ardakani révèle “The Folded Sea”, quatrième collection couture ArdAzAei, vibrante ode aux écosystèmes marins et, surtout, à la géométrie sacrée de l’oursin. Vingt-six passages composent cette lente marée visuelle, où chaque vêtement s’incline devant une élégance circulaire et radicalement contemporaine. “It’s a kind of light that feels sublime …” confie la créatrice, comparant les reflets de l’océan aux facettes d’une gemme — cœur philosophique de la Maison depuis sa fondation en 2018.
Quand l’artisanat répond à la biologie
Le vocabulaire couture se métamorphose : plissés accordéons inversant le logo A-pentagonal, smocks exosquelettiques et macramés marins où 34 oursins perlés grimpent le long des corsets. Les matériaux racontent la durabilité : 12 looks en soie certifiée GOTS (Greenlife 257263) et un lamé inox/soie qui renvoie la lumière comme une carapace nacrée. Point d’orgue de ce dialogue science-art : une robe “sea flower” illuminée par 168 pétales brodés de sequins biofluorescents — plus de 600 heures au crochet Lunéville — et un fourreau métallique serti de 33 000 cristaux Swarovski, résultat de 500 heures de broderie main.
Chorégraphie textile et narration écologique
Les silhouettes, souvent corsetées mais volontairement “ouvertes” pour laisser le baleinage apparent, rappellent l’ossature protectrice de l’oursin tout en révélant “l’intérieur lumineux” du vêtement, principe cher à ArdAzAei. Les savons pastel — lavande lacté, rose corail, crème d’algue — se frottent à des dégradés holographiques, créés après cinq mois de R&D sur un organza sérigraphié d’images SEM de squelette d’oursin : un final qui se déploie comme une flore abysse au stroboscope.
Un manifeste couture post-pétrole
Déjà salué par la presse spécialisée pour son alliance d’innovation et de conscience environnementale, ArdAzAei pousse plus loin l’idée d’une mode régénérative : traçabilité complète des tissus, partenariat avec ateliers parisiens labellisés et bande-son signée Frédéric Sanchez mêlant field-recordings marins aux battements cardiaques d’un plongeur. Le défilé s’achève sur une dégustation New Nordic conçue par Claus Meyer, rappelant que la durabilité passe aussi par l’assiette.
Pour (re)voir la vague
En faisant dialoguer biologie marine, savoir-faire haute couture et engagement responsable, Bahareh Ardakani rappelle que la création de luxe peut, elle aussi, contribuer à l’oxygénation de notre époque. Une mer intérieure qui, loin de se replier, ouvre des horizons de beauté durable.





































