Pour la saison automne-hiver 2025, Viktor&Rolf dévoilent une collection Haute Couture intitulée Angry Birds — une réflexion audacieuse et philosophique sur la dualité entre forme et contenu. Chacun des trente looks se décline en deux versions : l’une exacerbée, l’autre contenue, presque comme une ombre de la première.


Au cœur de cette expérimentation : des tenues noires, gonflées de plumes textiles qui sculptent des volumes théâtraux et spectaculaires. Ces formes exubérantes sont surmontées de coiffes extravagantes imaginées par le légendaire modiste Stephen Jones. Le double de chaque silhouette — sans plumes, fluide, minimaliste — semble privé de voix, murmurant au lieu de crier.
Techniquement identiques mais visuellement opposées, ces paires illustrent à quel point l’absence peut être aussi expressive que l’excès. Chaque look est complété par une paire de souliers en satin créés sur mesure par Christian Louboutin. Ici, la plume n’est pas un simple ornement, elle devient la base architecturale du design. Façonnées à la main en tissu, elles incarnent un trompe-l’œil de haute couture, à la fois éthique et méticuleusement exécuté.




Symbole de liberté, de légèreté et d’élévation, la plume devient chez Viktor&Rolf une métaphore de la libération intérieure et de l’expression de soi. Comme l’avait dit le maître parisien de l’art plumassier Lemarié : « Mes plumes ne sont belles que grâce à l’air qui les entoure. » C’est précisément cet « air » qui insuffle vie aux créations, leur conférant profondeur et magnétisme.


Quand les plumes disparaissent, les vêtements perdent leur emphase dramatique, révélant une essence intime et silencieuse. Ce procédé fait écho à la première collection couture du duo, en 1998–99, où les silhouettes étaient également présentées en double — grandioses et épurées.


Dans cette nouvelle collection, le dualisme s’enrichit de nuances : la théâtralité se mêle à l’introspection, et le conceptuel flirte avec le portable. Ces oiseaux en colère ne sont pas une simple fantaisie formelle — ils incarnent un moment de tension avant la libération, une métaphore du combat intérieur et de l’élan vers le ciel.
Photos : Avec l’aimable autorisation de la marque

