À l’occasion de la Fashion Week de Paris, Magda Butrym dévoile « Magdalena », une collection intime et profondément personnelle, qui marque un tournant dans son processus créatif. Plus qu’un simple défilé, c’est une introspection textile, un dialogue entre l’artisanat polonais et une féminité sensuelle, entre tradition et modernité. Inspirée par Magdalena Abakanowicz et l’héritage du tissage en Pologne, cette collection mêle textures, émotions et puissance visuelle dans un ballet de silhouettes sculpturales.
Une vision instinctive et artisanale
Le titre « Magdalena », dérivé du prénom complet de la créatrice, incarne un autoportrait, une exploration sans filtre de son univers intérieur. « Cette collection est une exploration instinctive, portée par l’émotion pure et la joie de créer », confie Butrym.
Les influences sont multiples, mais toujours filtrées par un prisme slavique et romantique. Le tissage, élément central du patrimoine artisanal polonais, s’invite dans des créations aux textures riches et aux volumes audacieux. Les robes iconiques de la collection – une mini-robe rouge flamboyante, un tutu en tricot ouvert porté sur une combinaison noire ultra-fluide – sont des hymnes à la féminité assumée et libérée.
Le final du show dévoile l’une des pièces les plus marquantes : une robe de mariée accompagnée d’un voile en crochet et de souliers texturés façon nuages. La silhouette, dense et structurée, évoque les tapisseries traditionnelles polonaises, tout en incarnant une esthétique contemporaine et minimaliste.
Une palette de contrastes et d’émotions
Butrym joue avec une palette de blancs éclatants, de rouges profonds et de noirs charbonneux, trois teintes évocatrices de son héritage et de sa signature esthétique. Le rouge, omniprésent, rappelle la Rose Enchantée, emblème de la maison. Le blanc, symbole de renouveau et de liberté, se décline dans des mailles moelleuses et des dentelles arachnéennes, tandis que le noir évoque une force mystérieuse et magnétique.
Les références artistiques se croisent, de l’expressionnisme textile de Magdalena Abakanowicz aux portraits de femmes puissantes immortalisées par Peter Lindbergh. Les robes sculptées aux tailles marquées rappellent les silhouettes des costumes folkloriques polonais, revisitées avec une modernité radicale.
Le choc entre rêve et réalité
Si l’artisanat et la féminité romantique sont au cœur du projet, Magda Butrym intègre également une dimension pragmatique, inspirée de son style personnel. Ainsi, des manteaux en shearling sont jetés négligemment sur des survêtements en soie, des châles en fourrure s’associent à des vestes matelassées façon couette, traduisant une quête de confort et de sensualité assumée.
Le foulard fleuri, signature de la maison, s’affirme comme un hommage au folklore slave, tout en insufflant une touche contemporaine.
Un décor immersif, reflet de l’artisanat textile
L’expérience ne s’arrête pas aux vêtements : le décor du défilé est une œuvre en soi. Environ 200 mètres de tissu tissé à la main, nécessitant plus de 150 heures de travail artisanal, ont été suspendus pour créer un environnement brumeux et vaporeux, dans une nuance rouge profond. Ce rideau de fils entrelacés, inspiré des installations de Magdalena Abakanowicz, devient un écrin mouvant où les modèles évoluent librement, incarnant l’âme même de la collection.
Le savoir-faire textile, mis en avant dans le décor comme dans les vêtements, souligne la volonté de Magda Butrym d’ancrer son travail dans une tradition millénaire tout en explorant de nouvelles possibilités créatives.
Magdalena : une ode à la féminité libre et audacieuse
Avec « Magdalena », Magda Butrym entame une nouvelle phase de son parcours, où l’expérimentation et l’émotion prennent le pas sur la stricte logique des tendances. Loin d’être une simple évolution stylistique, cette collection marque un retour aux racines et un regard vers l’avenir, affirmant une mode instinctive, vibrante et profondément personnelle.
Si le vestiaire de Butrym a toujours flirté avec le romantisme et la puissance, « Magdalena » pousse cette dualité à son paroxysme, offrant une vision où le passé dialogue avec l’avenir, où le fait-main devient un luxe ultime, où la féminité se fait à la fois tendre et indomptable.
Avec cette collection, Magda Butrym ne se contente pas de réinterpréter son ADN : elle l’amplifie, le magnifie et le transforme en manifeste.
