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La Samaritaine, chef d’oeuvre architectural

by pascal iakovou
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Quelques jours avant son ouverture, les équipes de Luxsure avaient pu se balader dans la Samaritaine. Ce bâtiment tant attendu est un bijou architectural et un paradis du shopping.

Ce bâtiment incontournable du paysage parisien, c’est une icône française. Ancrée au coeur de la ville, dans un quartier en pleine mutation, la Samaritaine a un pied dans son passé Art Nouveau et Art Déco, et un autre dans la modernité. En2005, pour des questions de sécurité, laSamaritaine doit fermer ses portes. Le groupe LVMH, son nouveau propriétaire, décide alors de lancer un ambitieux projet de rénovation qui s’inscrit dans la transformation de ce quartier parisien, devenu un poumon vert de la capitale, piétonnisé en partie, mais aussi une plateforme arty avec l’ouverture de nombreuses galeries. Aux édifices Art Nouveau et Art Déco d’origine entièrement restaurés a été adjoint, côté rue de Rivoli, une nouvelle construction moderne de l’agence d’architecture japonaise Sanaa. À l’intérieur, à côté d’un hôtel Cheval Blanc, de bureaux, de logements sociaux et d’une crèche, la renaissance de la Samaritaine, ce grand magasin parisien mythique dont les 20000m2 ont été confiés au groupe DFS. Loin d’un espace fermé sur lui-même, la Samaritaine, ancrée dans la ville, est baignée de l’éclairage naturel qui filtre par plusieurs points: la mythique verrière du bâtiment Art Nouveau (désormais appelé Pont-Neuf), les baies vitrées d’origine percées dans la structure Eiffel mais également deux nouveaux puits de lumière pensés par l’agence Sanaa. À l’intérieur, les espaces font écho au principe architectural, à la fois ancré dans son l’histoire et tourné vers l’avenir. Ainsi côté Pont-Neuf: une esthétique chic et raffinée, sol en terrazzo, ferronnerie repeinte en grise et détails Art Déco et Art Nouveau pour accueillir les grands noms du luxe; côté rue de Rivoli: une modernité au style industriel avec une proposition plus urbaine.

Les Signatures

Sanaa pour la rénovation des structures existantes et le nouvel édifice

Fondée en 1995 et récompensée du prestigieux prix Pritzker en 2010, l’agence japonaise Sanaa (Sejima And Nishizawa And Associates) a signé plusieurs réa- lisations au Japon, dont l’emblématique boutique Christian Dior de Ginza, à Tokyo. En France, ils ont conçu l’Institut d’Art Moderne de Valence et le Musée du Louvre-Lens. Leur signature ? Des architectures épurées, lumineuses et fluides, pensées dans les moindres détails. Pour la Samaritaine, ils ont rénové entièrement le bâtiment Art Nouveau (désormais appelé Pont-Neuf), créé des patios pour faire entrer des puits de lumière et imaginé une nouvelle structure dont la façade ondulante en verre tisse un véritable dialogue entre passé et présent par un subtil jeu de réflexion avec les immeubles en regard.

Yabu Pushelberg pour l’aménagement intérieur du bâtiment Pont Neuf

Basé à Toronto et New York, le studio canadien possède une solide expérience en lieux expérientiels et intérieurs de grands magasins. Barneys à New-York et Lane Crawford à Hong Kong. Pour la Samaritaine, ils ont mis en valeur la structure Eiffel et sa luminosité tout en apportant leur style à la fois raffiné et chaleureux dans tous les étages du bâtiment Pont- Neuf hors étage beauté : un dialogue entre l’enveloppe historique du magasin et leur approche contemporaine. Le visiteur est invité à une expérience d’achat intimiste, conviviale, pleine de surprises et de découvertes sous forme de flânerie chic pari- sienne. Côté matériaux, Yabu Pushelberg a choisi des matériaux nobles comme ce terrazzo, un clin d’oeil aux pavés parisiens. L’agence a également dessiné le mobilier et les tapis associés avec goût au bronze et aux touches de ce gris-bleu emblématique du décor d’origine.

Hubert de Malherbe pour l’espace beauté

Spécialiste du design commercial, l’architecte français maîtrise parfaitement les problématiques des espaces de luxe puisqu’il a signé entre autres les boutiques Dior Beauté, des pop-up stores pour Fenty ou encore le premier bar Hennessy à Shanghai. Pour la Samaritaine, il a imaginé au sous-sol l’aménagement des 3 000 m2 de l’espace beauté, le plus grand d’Europe, qui s’étend entre le bâtiment Pont-Neuf et celui côté Rivoli. Hubert de Malherbe a conçu une déambulation citadine inspirée de Paris et du passé Art Nouveau du bâtiment, à l’image du parquet, des mosaïques au sol personnalisées, des structures en laiton doré rappelant les serres florales ou encore des clins d’oeil à la structure Eiffel.

Ciguë pour les espaces urbains du bâtiment Rivoli

Auteure de boutiques pour Aesop, Isabel Marant et Veja, l’agence française a imaginé un décor avant-gardiste faisant écho à la modernité du concept store et de l’offre streetwear proposés coté Rivoli. Dans le nouvel écrin de verre, le sous-sol, 3 étages se veulent en prise avec l’époque pour séduire la génération des Millennials. Ciguë y a illustré son approche à la fois artisanale et radicale par des matériaux bruts ou recyclés. Clins d’oeil à Paris, des structures façon colonnes Morris, des fragments d’intérieurs ou de façades haussmanniennes invitent la ville dans le magasin.

Atelieramo pour l’appartement

Les architectes d’intérieur Chloé Nègre, Karine Chahin et Virginie de Graveron se sont connues chez India Mahdavi. Reformé pour la Samaritaine, le trio a signé les espaces de l’Appartement et des deux salons privés dédiés à la joaillerie. Leur inspiration ? Le style hétéroclite des appartements parisiens qui mélangent mobilier classique français et codes plus contemporains, comme ce léopard colorisé et ces tables de drapiers détournées. Elles ont également chiné une partie du mobilier du magasin dont un lit du XVIIIe siècle en fer forgé transformé en banquette ai 4e.

5 gestes architecturaux

Des laves émaillées sur l’édifice Art Nouveau aux prouesses techniques du nouveau bâtiment, retour sur cinq éléments incontournables de la Samaritaine.

La verrière et sa structure Eiffel

Porté par une ossature métallique très visuelle, cet élément d’architecture spectaculaire qui date de 1907 a demandé un soin particulier pour sa restauration. Après avoir été modifié, même caché au fil du temps, le toit rectangulaire vitré d’une emprise de 37 m par 20 m retrouve sa forme et ses couleurs d’origine choisies par Francis Jourdain. Seule concession moderne: le verre électrochrome qui se teint en fonction de la luminosité.

La fresque des paons

Avec 3,5 mètres de haut et 115 mètres de long, cette peinture qui entoure la verrière est considérée comme l’un des chefs d’œuvre de l’Art Nouveau. Signée Francis Jourdain, fils de l’architecte du bâtiment Art Nouveau Frantz Jourdain, la toile de 425 m2 vient d’être restaurée et a retrouvés es couleurs et son éclat depuis longtemps perdus

Le grand escalier

À la fois fonctionnelle et esthétique, cette partie centrale du bâtiment Pont-Neuf est l’un des emblèmes de l’histoire de la Samaritaine. Pour restituer toute la grandeur de cet escalier mythique, le garde-corps a été rénové avec un soin tout particulier apporté aux 16 000 feuilles d’or, aux céramiques Art Nouveau sous les paliers ainsi qu’aux 270 marches en chêne d’origine.

Les ondulations de verre

Nouveau visage de la Samaritaine côté Rivoli, ce bâtiment signé par les architectes japonais de l’agence Sanaa incarne la modernité, la fluidité et la poésie du grand magasin. Finement exécutée, la façade extérieure reprend une forme irrégulière ondulée, à la fois épurée et vibrante. Au total, 343 panneaux de verre sérigraphié de 2,70m x 3,50m pesants de 600kg à 1 250 kg et qui semblent comme tenir en équilibre.

La façade art Nouveau

Promoteur du modernisme, Frantz Jourdain utilise au début du XXe siècle une ossature métallique pour gagner de la place et de la lumière dans le magasin. Pour adoucir la structure, des décorations en lave de Volvic émaillée ont été dessinées par son fils Fran- cis Jourdain et l’affichiste Eugène Grasset afin d’attirer le chaland. À l’occasion de la rénovation du grand magasin, 675 mètres linéaires ont été rénovés dont plus de 42m2 reconstitués grâce aux archives iconographiques.

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