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DAU À Paris — Théâtre du Châtelet, Théâtre de la Ville et Centre Pompidou : près de 40 000 visiteurs, en 3 semaines

by pascal iakovou
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À Paris — Théâtre du Châtelet, Théâtre de la Ville et Centre Pompidou : près de 40 000 visiteurs, en trois semaines

DAU a fermé ses portes dimanche 17 février, après avoir illuminé le paysage artistique de Paris durant ses trois semaines d’ouverture au Théâtre du Châtelet, au Théâtre de la Ville et au Centre Pompidou. Malgré un début différé par des autorisations préfectorales tardives, 39 168 visiteurs ont participé au projet. L’ouverture des deux théâtres jumeaux de la place du Châtelet – 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 – sans pour autant interrompre les travaux, a constitué une occasion exceptionnelle pour le public de pénétrer dans les coulisses de ces deux institutions fermées pour rénovation.

L’univers de DAU – cinématographique et spirituel – s’est laissé découvrir par un public de tous âges, jeune pour la plupart, dans des espaces spécialement aménagés pour l’événement.

Près de 850 projections des 13 films et séries de DAU ont eu lieu, dans 6 salles de projection spécialement aménagées et pouvant accueillir entre 19 et 400 personnes. DAU Digital, archive de 700 heures de pellicule numérisée, disponible dans une cinquantaine de cabines individuelles, a permis aux participants d’approfondir, à leur guise, leur exploration. Une centaine d’Auditeurs Actifs – prêtres, rabbins, pasteurs, chamanes, énergéticiens et autres praticiens spirituels et religieux – recrutés spécialement pour le projet, ont donné environ 4 500 sessions, en tête-à-tête, à des participants. Plusieurs centaines se sont livrés à des rituels traditionnels avec des chamanes venus de la république de l’Altaï, dans le Sud de la Sibérie, dont plusieurs étaient déjà présents dans l’Institut de DAU.

De nombreux collaborateurs artistiques internationaux ont aussi contribué à la densité d’expériences de ces trois semaines.

Une trentaine d’œuvres empruntées à la collection d’art soviétique du Centre Pompidou et réparties dans le parcours des deux théâtres, et plusieurs installations et créations éphémères ont jalonné l’univers de DAU : les ballons d’hélium de Philippe Parreno – rappel de la théorie qui valut à Lev Landau son prix Nobel, Persona – l’installation de Romeo Castellucci, ancien participant de l’Institut, présentée dans les entrailles du Théâtre du Châtelet, un paysage sonore créé spécialement à partir de l’archive sonore de l’Institut par le polymathe Brian Eno, une ligne de senteurs moléculaires conçue par Marina Abramović sur la base des 95 mots-clé du projet, des lunettes inversées dont les prototypes ont été testés dans l’Institut de DAU par Carsten Höller et proposés à l’essai sur le balcon du Théâtre du Châtelet, …

Plus de 300 concerts et performances couvrant tout le spectre musical ont tiré le meilleur profit de l’acoustique des différents espaces. La collaboration entamée par DAU avec le chef d’orchestre Teodor Currentzis, qui incarne dans les films le personnage de Dau, s’est poursuivie à Paris, où l’orchestre MusicAeterna s’est installé une semaine entière sous la coupole, permettant au public de se mêler aux répétitions mais aussi créant, in situ et en direct, de nouvelles oeuvres collaboratives avec Brian Eno. Le musicien transgenre Arca a habité quatre jours la fosse de scène de la Grande Salle éventrée du Théâtre de la Ville. À 8 mètres de profondeur, ses improvisations musicales avec le pianiste virtuose Mikhaïl Rudy furent reflétées par le miroir géant incliné vers le public sous la charpente à 30 mètres de hauteur. De nombreuses autres figures de la scène artistique européenne telles que la chorégraphe Sasha Waltz, les DJs et musiciens Agoria ou Marko Nikodijevic ou la pianiste Edna Stern ont rejoint cette improvisation musicale et artistique.

70 conférenciers ont participé au cycle parisien de conférences DAU mêlant la science, la théologie, l’art et la politique, parmi lesquels les physiciens Costas Bachas, Nikita Nekrasov et Samson Shatashvili, figures importantes de la communauté scientifique mondiale et de l’Institut.

Plusieurs de ces conférences ont eu lieu dans les appartements communautaires soviétiques reconstitués dans lesquels vivaient des familles ukrainienne et tchétchène, et dans les trois bars du projet, qui proposaient une carte aléatoire de plats et de boissons soviétiques typiques.

Depuis les hauteurs du Châtelet, la terrasse d’un des bars offrait une vue panoramique sur Paris, sur le « Triangle Rouge » de lasers qui unissait les trois institutions dans le ciel nocturne et les installations de panneaux LED qui ornaient les façades des deux théâtres.

Pour la Ville de Paris, soutien de la première heure et dont la volonté politique a rendu possible ce projet, l’accueil de DAU dans la capitale est une marque d’audace et d’avant-garde rappelant les Ballets Russes qui ont foudroyé Paris un siècle auparavant.

Rarement une exposition aura suscité autant de critiques ou de commentaires. Une organisation parfois chaotique, des oeuvres parfois très sexuelles, un concept parfois un peu flou.

Nous avons voulu nous faire notre opinion en allant sur place. Nous avons apprécié ce moment hors du temps. Au fur et à mesure que nous prolongions notre séjour à la république de DAU, nous nous imprégnions de l’univers. L’histoire de DAU nous captivait de plus en plus, les petits plats made in URSS nous régalaient et nous vivions quelques moments magiques avec des citoyens de DAU qui chantaient pour nous des chants de leur pays. Une expo ambitieuse peut être un peu trop, qui a été certes maladroite et dépassée par son succès mais qui initie une nouvelle forme de culture, à la frontière entre l’art, le divertissement et le lifestyle.

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