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Femmes Fatales de la mode

by pascal iakovou
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Il n’y a jamais eu autant de créatrices à la tête d’une maison de mode qu’aujourd’hui ! Un moment idéal pour une exposition consacrée aux femmes puissantes de cette univers féroce. Femmes Fatales, qui se tiendra cet automne au Gemeentemuseum à La Haye, est la première exposition dans l’histoire de la mode entièrement consacrée à des créatrices.

L’exposition Femmes Fatales – Femmes puissantes dans la mode présente les œuvres d’une liste impressionnante de créatrices (inter)nationales. Outre des noms mondialement connus, l’exposition montre également des femmes qui exercent ou ont exercé une influence fondamentale dans les coulisses de nombreuses maisons de mode, mais qui sont de parfaites inconnues dans l’histoire de la mode.

« Cette petite couturière », c’est ainsi que la célèbre Coco Chanel était décrite avec mépris par son contemporain Paul Poiret. Il l’attaquait sur sa féminité, mais en réalité, il la considérait comme une grande concurrente. Les temps ont bien changé depuis. Aujourd’hui de nombreuses femmes tiennent les rênes dans les grandes maisons de mode.

Créent-elles différemment pour les femmes que leurs collègues masculins ? Quelle est leur influence ? En quoi le fait d’être une femme se traduit-il dans leurs créations ? Et quelle est leur vision de la mode ? L’exposition présente des œuvres de Coco Chanel, Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli, Mary Quant, Vivienne Westwood, Sonia Rykiel, Miuccia Prada, Maria Grazia Chiuri (Dior), ainsi que de célébrités néerlandaises comme Fong Leng, Sheila de Vries, Iris van Herpen et bien d’autres encore.

Maria Grazia Chiuri pour Dior, Miuccia Prada, Vivienne Westwood, Rei Kawakubo (Comme des Garçons), Sarah Burton pour Alexander McQueen et, récemment encore, Phoebe Philo pour Céline. Rien que des femmes puissantes. Dominant la scène actuelle avec leurs créations, certaines sont de véritables défenseuses des droits des femmes ou expriment ouvertement leurs opinions politiques.

C’est ainsi que dans les années 70, Kawakubo a pris d’assaut les podiums parisiens avec sa griffe Comme des Garçons. Politiquement engagée depuis le tout début de sa carrière, Westwood se mobilise pour plusieurs causes politiques et pour la défense de l’environnement. Dans les années 80, Katherine Hamnett a fait du t-shirt un support d’expression. La photo sur laquelle elle serre la main de Margareth Thatcher en t-shirt de protestation a fait le tour du monde.

Plus récemment, Maria Grazia Chiuri, dans sa première collection pour Dior, a repris les mots d’une conférence et publication de l’écrivaine et activiste Chimamanda Ngozi Adichie : « We Should all be Feminists ». Cette phrase, elle l’a inscrite sur des t-shirts présentés pour la collection Printemps 2017 avec un ensemble inspiré de la tendance new-look. Un an plus tard, Chiuri récidive en posant par t-shirt interposé une question non dénuée de provocation : « Why Are There No Great Women Artists ? » Chiuri elle-même explique son engagement dans le débat public par la montée de Donald Trump, les marches des femmes et le mouvement #metoo. C’est également le cas d’Angela Missoni (Missoni). Pour sa collection automne 2017, la créatrice a fait passer de la rue aux podiums les fameux « pussy hats », ces bonnets devenus symbole de la protestation contre Donald Trump.

Devant des femmes aussi influentes qui, en plus de réaliser de magnifiques créations, font preuve de courage et n’ont pas peur de s’engager, il est difficile d’imaginer que les premières créatrices ont dû se battre pour se faire une place dans un monde alors exclusivement masculin. Jusqu’à l’abolition des corporations de métiers après la Révolution française, le métier de tailleur était réservé à la gente masculine, comme ceux de brodeur et de corsetier.

Les femmes travaillaient comme couturières ou lingères pour la confection de vêtements féminins, de sous-vêtements et de vêtements d’enfants, ou de belles décorations pour les robes. Au dix-neuvième siècle, de plus en plus de femmes occupaient un emploi de couturière. Il a toutefois fallu attendre un homme pour donner à la profession ses lettres de noblesse. C’est en effet l’Anglais Charles Frederick Worth qui a institué le terme de « couturier ».

Peu après, des couturières ont fondé leur propre maison de couture, comme Jeanne Paquin et Jeanne Lanvin, et plus tard Gabrielle « Coco » Chanel, Madeleine Vionnet, Madame Grès (Alix Barton) et Elsa Schiaparelli. En véritables femmes fatales, ces dames ont su jouer habilement de leur féminité. Elles s’en sont servies notamment pour faire valoir qu’elles seules étaient à même de comprendre parfaitement comment habiller un corps de femme.

Après la Seconde Guerre mondiale, des créatrices visionnaires comme Mary Quant, Sonia Rykiel et Barbara Hulanicki (Biba) sont entrées en scène. À l’instar de leurs ainées, cette jeune génération s’est employée à mettre en valeur la féminité et le confort. Dessinée dans les années 70, la robe portefeuille de Diane von Furstenberg semble aujourd’hui si évidente que l’on oublie la révolution qu’elle avait suscitée à l’époque.

Femmes Fatales
Femmes puissantes dans la mode
17 novembre 2018 – 24 mars 2019

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