Home ModeFashion Week Fashion Week Printemps/Été 2019- Jour 2 , Manufacturer des combats

Fashion Week Printemps/Été 2019- Jour 2 , Manufacturer des combats

by Manon Renault
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Edgar Morin est né en 1921 , et ce matin- comme la plupart des matins, il tweet « Quelle époque régressive psychiquement sociologiquement moralement dans un formidable progrès scientifico-technique. »

Marine Serre, Koché, BOTH ou Anrealage semblent avoir chacun émis une réponse à ce constat. La » jeune génération » de créateur- si tenté que le terme « jeune » ai un sens à la vue de la maturité de leur projet–  donne de la profondeur à la mode ; elle,cette simple « vanité » esthétique.  Introduire un échange entre les cultures, les classes sociales, entre la nature et les technologies : autant de projets qui ont été au centre des propositions vestimentaires « post-post moderne ». S’il faut utiliser des repères générationels, cette journée rappelle les années 80 – pas esthétiquement-mais une évocation du tournant qui se trame alors. L’arrivée dans le champ de la mode, d’une réflexion post-moderne : une manière de remettre en question un système de la mode en inadéquation avec le contexte social. Ça donne un refus du partage genré des vestiaires chez Issey Myake ou Rei  Kawakubo. Pour Galliano ou McQueen c’est la place du beau, de l’abject comme archétype moderne qui semblent faire tâche. Margiela explorera tous ces problèmes avec des vêtements « inachevés ». La mode se cite car elle a besoin de changer son système. Alors, il serait peu constructif de comparer Marine Serre à ce qui a déjà était fait puisqu’il s’agit d’un défilé qui invite à penser un nouveau système de la mode. Une mode qui peut s’emparer des stéréotypes puis les réfondre dans des produits: des baskets Made In China chez BOTH, ou des manteaux pluriculturels chez Koché. Pendant ce temps là, la garde de l’aura couture française repeint la Tour Eiffel en blanc et fait jaillir un podium des eaux. Apparemment  les 0,8cm d’eau chez Saint Laurent, ont plutôt symbolisé la perte  narcissique d’une maison dans son reflet plutôt qu’une « renaissance ».

Les représentations médiatiques construisent notre expérience du monde : en introduisant le Monde Diplomatique dans le sac des mannequins de Marine Serre, en exacerbant le Made In china désormais gage de qualité chez BOTH nous apprenons que nos stéréotypes européens et américains nous bouffent bien. Ils cadrent notre compréhension du monde et d’une mode dont la production et la création ne viennent plus de notre cher ilôt.  Mince, alors !

Alors comment définir le style de cette nouvelle génération ? La nouvelle génération de la mode est-elle le résultat d’une volonté de déconstruction des stéréotypes  dominants et d’une attention envers les autres cultures et leurs propres stéréotypes ? Dans la mode qui dictent les stéréotypes stylistiques ?


ANREALAGE : Écrit blanc sur noir ou bien noir sur blanc ? 

Apparemment, il existe un monde virtuel et une vie réelle qui sont séparés. Pourtant la plupart des actes que nous effectuons sur nos écrans sont les résultats d’une éducation, d’une culture, qui se manifestent par des gestes quotidiens bien réels. Kunihiko Morinaga  applique à ses collections une philosophie bouddhiste ou le blanc se transforme en noir et le noir en blanc. Finalement il s’agit des transcender la dualité par la force de la lumière. Pour réaliser cette collection, le créateur semble avoir suivi la voix ouverte par Iris Van Herpen dans la Haute Couture :  utiliser une technologie de précision, qui demande une rigueur Haute Couture, afin d’imiter les procédés naturels. La technique imite la nature. Et l’art imite la vie. Où est le virtuel ? 

OTTOLINGER : La « garde robe », un concept usé ? 

Pour cette première collection Christa Bösch et Cosima Gadient s’inscrivent dans cette poursuite de la  déconstruction des manières de produire et de construire les vêtements. Dans le dossier de presse, les deux créatrices expriment leur volonté de faire tomber  les « points de vues avec lesquels nous avons grandis ou que nous avons appris à connaître ». Le cordage méticuleux qui assemble les pièces, prend à contre-pied le découpage classique du vêtement dans le vestiaire occidental. Le vichy « Bardot » se mêle aux robes cocktails et à la dentelle. L’utilisation traditionnelle des codes vestimentaires se dissout.

JOUR/NE : Les Vacances au bureau ?

Un défilé qui expose clairement notre vision esthétique de la déconnexion-très Européene. Le « Dimanche », la plage les coquillages. Farniente, et joie colorée d’orange et de couleurs pastels pour une garde robe de « vacance ». Des imprimés fleuris, un brin de jean : les codes de la légèreté enfin retrouvées -et ce au-délà des 24h – soit d’une JOUR/NE. La marque explore une nouvelle fois l’utilisation du vêtement en fonction de l’heure affichée à la pendule de l’Eglise…la proposition semble être 7 jours de repos : une révolte encore fraîche.


Plutôt que la régression, une marge de la mode choisi l’innovation : dans la manière de construire les vêtements à proprement parler, et souvent métaphoriquement parlé. Cette pulsions ne se fait plus selon les idéaux de l’époque moderne : la famille parfaite, une vie qui doit rimer avec frime et compétition.

C’est la page blanche, le baptême, l’eau,  le renouveau. On efface et on recommence. Certains flottent, d’autres coulent.

A voir Marine Serre chez Quotidiens

 

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