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Fashion Week Masculine Printemps/été 2019 : Jour 1 Tous Fauchés

by Manon Renault
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Image : Instagram #Koché

Paris ou  Marseille ?  Il faut choisir. Les rédactions sont polarisées, et c’est le coeur fendu qu’elles se rendent sur des terres inconnues.  L’ouverture de cette fashion week masculine, se donne les codes d’un manifestes artistique. Quitter Paris, ou montrer qu’une nouvelle délégation mode se construit hors des bastions traditionnels. Plus que jamais, la scène « anti-fashion » exerce son pouvoir. Dans la capitale, le public en perd son latin, ou tout du moins sa capacité à prononcer le nom de marques dépourvues de voyelles –GmbH, ou CMMN SWDN. La fast-fashion aurait tout emporté et bouffé les voyelles au passage. Le graphisme des marques est semblable à ceux des codes-barre. Comme pour rappeler que pour faire de l’art,  et fabriquer ce qu’on appelle la mode il faut de l’argent et des bénéfices. Si le commerce ne prend pas, alors le discours marketing «  effronterie subversive » coulera. Saint-Ouen, Marseille : des lieux « bruts », sans l’odeur de l’ostentatoire. Ici c’est l’opulence de l’authentique qui fait fois. Chez Sadak, on pouvait lire sur les vêtements « I love Sadak that’s why I’m Broke »l’authentique, le look friperie, le maillot de footballeur et le style club New-Yorkais 80’s, sont devenus un luxe.

La question : Depuis quand revendiquer qu’un vêtement est cher est-il devenu un luxe ? Depuis quand ce discours est-il devenu chic ? Est-t-il audible pour tous ? 


CMMN SWDN : Virilité en bas résille

Emma Hedlund et Saif Bakir sont passés par le Central Saint Martins et le studio de Los Angels de Kayne West avant de lancer CMMN SWDN . Un défilé ou la masculinité classique représentée par les costumes tailloring, s’effrite. Les chemises sont transparentes et laissent apparaître des tatouages-des faux tatouages authentiques de la promesse disruptive. Les costumes sont « over »-grands, si grand qu’il faut les élastiques des collants résilles pour les coincer. La masculinité bourgeoise a enfanté d’une masculinité révoltée. Celle qui s’épanouit dans les subculutr et revendique son opposition à coup de blouson en cuir. Une collection qui raconte une histoire de la virilité: le teddy bear du patriarcat.

Arthur Avellano : Supporter en latex

Le latex: une matière qui est devenue la signature d’Arthur Avellano. Entouré de multiples connotations, c’est la matière que l’on jette, c’est la matière qui pollue. En pleine période de Coupe du monde, Arthur Avellano s’empare du stade de Saint-Ouen. Le football : une histoire riche d’ambivalences. Un sport populaire, un sport de la classe ouvrière qui permet de vendre des litres de bières. Pourtant c’est une industrie qui rapporte de millions : car c’est un sport qui rassemble, toutes classes sociales confondues. Comme une messe. Après son banquet, Arthur Avellano propose ses pantalons amples, chemises aux larges épaules entre orange et bleu menthe pour assister à un autre rite de l’époque moderne. À la marge de l’évolution de la culture proprement dite- à la marge des carcans institutionnels de la mode, le manifeste anti-fashion continue.

GMBH : Dakar au son des motos

Pas de guerres des sexes : un défilé mixe où les histoires de moteurs qui ronronnent ne sont plus le monopole des fans masculins de Marlon Brando. La masculinité, tout comme la féminité circulent. Les tailles sont marquées, les blousons de bikers plus courts, comme pour indiquer que les vêtements sont les éléments d’histoires changeantes. Une collection ou les ondes orientales apportent une lumière nouvelle au look motard 90’s.


Pantalons taille haute, couleurs pastels et t-shirts moulants : »meuf j’ai le même, on a toutes le même, car on va toutes se ruiner chez h&m ». Les paroles prémonitoires de Diam’s font bien sourire. Pour ce premier jour, le système de la fast-fahsion est dénoncée. Pourtant,  beaucoup sont dépendants de ce système. L’ouverture d’un H&M ou d’un Zara est une bénédiction dans des zones de la France, ou tout les commerces ont désertés- ou même les stades sont vides. Le choix de pouvoir s’habiller est un luxe, auxquels ne doit pas s’ajouter le poids moralisateur du méfait de la fast-fashion. Non,ce discours n’est pas audible pour tous, mais il doit être entendu à Paris, par ceux qui font l’industrie de la mode. Alors tous à Marseille avec Koché pour porter écho.

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