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Rencontre : AICANON, des bijoux pour rêver.

by Manon Renault
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Au milieu d’un appartement plein de souvenirs, des plaques d’or se sont glissées entre les livres et statuettes, donnant au lieu une nouvelle lumière. Comme les objets précieux qui décorent les cabinets de curiosité, les bijoux de la marque AICANON donnent corps à la pièce. Des avocats, des chaises longues où encore des ananas, sont les socles de tout un projet artistique. Ai Kano ne propose pas de simples bijoux, ou des pièces décoratives; mais une manière de vivre et de s’imaginer. Le rire au bord de la gorge, Ai Kano donne vie à ses rêves. Tout paraît tellement plus simple quand elle le raconte : du coup on se demande où est passé la fantaisie qui rendait nos quotidiens un peu moins moroses. Rencontre avec une jeune femme spontanée, drôle, curieuse et inventive dont le titre de créatrice ne résume que peu les expériences qu’elle articule pour se donner au monde. En portant ses bijoux, Ai Kano nous révèle : elle fait de nous des performers plein d’audace.

Elle n’imagine pas des bijoux qui oscultent les corps : chacun occupent ses bijoux. AICANON est une marque, ou plutôt une invitation à l’expression, à une affirmation dans la jouissance.

Une conversation ou les mots se forgent des rêves, et questionnent la place de la force dans la féminité, ou l’influence du voyage dans la quête de soi. Une conversation pleine de rire, ou le temps , et le poids des conventions s’échappe.


AICANON : 24 carats d’or pour arpenter le monde

Un monde sans limites, sans frontières; un monde ou les territoires s’inventent avant de se voir. Ai Kano parle de voyages pour parler de sa vie. Son enfance: entre Paris et Tokyo, puis un tour du monde alors qu’elle se construit en tant que femme – soit un autre voyage. Vagabondage entre souvenirs et vie d’adulte qu’elle entretient lorsqu’elle créer ses bijoux. D’abord dessinés dans ses blocs-notes ils prennent vie dans des plaques de laiton recouvertes d’or. On lui parle de Gauguin, des paysages, des inspirations qui sentent les îles:   » Oui, c’est un artiste qui m’inspire, mais les motifs de mes bijoux sont justes des fruits : des poires, des ananas des avocats ». Tout simplement. Une charmante candeur enfantine qui rappelle que l’imagination est le terrain de jeu le plus démocratique au monde : il suffit de se donner la peine de s’en rappeler. Les voyages préférés d’Ai Kano : ceux qu’elle n’a pas fait. «  Je rêve d’aller à Amalfi, m’allonger sur un transat et vivre. Juste cela! Je rêve d’Amalfi ! Un matin, de retour de mes fantasmes, j’ai fait ces croquis de chaises, de buildings que l’on retrouve dans la collection. Créer ces bijoux, c’est déjà faire un bout du voyage ! » . À s’y méprendre, on aurait pu penser à Tokyo, la ville ou elle a grandi  » Dans cette ville tout est trop neuf. Les ambivalences de Tokyo sont passionnantes à expérimenter : passer d’un temple bouddhiste à une soirée Kawai (…) la juxtaposition des temporalités est unique. Mais je préfère Paris, je m’y sens comme dans un grand musée vivant. » Paris, la capitale qui s’historise, la capitale qui se rêve,  la capitale qui s’explore. Autant le faire avec des bijoux imposants, et se frayer une place à part dans ce musée.

« J’adore les françaises. Elles ne mâchent pas leurs mots. Si je ne suis pas bien habillée, que ça ne leur plaît pas, elles me le diront toute suite. Au Japon, jamais on ne me le dira : tout est toujours merveilleux, dans les dires ! « 

AICANON : les médailles de la bravoure

« J’aime la franchise, l’audace : ce sont des forces ». La force subjugue, et il semble que cette saison les créateurs ( Dior, Louis Vuitton) aient tenu à rappeler que les femmes possédaient ce talent. Ai kano ne regarde pas les genres, elle travaille avec des esprits, des instincts. Peu importe le sexe: c‘est le désir qui prévaut. «  Porter un bijou c’est une véritable démarche. D’ailleurs on parle d’accessoires : c’est quelque chose de secondaire, contrairement au vêtement. Cela demande un engagement supplémentaire. J’aime le fait que mes pièces obligent à être visible, et j’aime surtout, voir ce que les gens en font lorsqu’ils les portent ». Souvent les femmes ont utilisé le bijoux comme une force pour compenser une autorité masculine privative. L’archétype : Wonder Woman. Dépourvue d’une double identité, tous ses accessoires, jusqu’à ses bijoux, contribuent à sa force. Une fonction magique mais aussi protectrice. » Pour vivre à Paris, au début, j’avais besoin d’une armure. Il fallait que je puisse à la fois m’exprimer et avoir le pouvoir de dévoiler seulement ce que j’avais envie. Mes bijoux parlent, et cachent ce qui doit rester secret. « 

Je fait des bijoux qui rendent fort ; et avoir une pièce forte c’est faire un statement, c’est oser et en même temps, cacher un part de soi, peut-être plus fragile ».

En plus d’imaginer des bijoux, Ai Kano se laisse imaginer : pendant la fashion week certain on pu la voir déambuler dans le lit de son amie la créatrice Yazbukey. La démesure, les réalités alternatives fondent son quotidien. Une routine ou elle performe pour ses amis artistes, se réveille à Tokyo près du temple Bouddhiste de sa mère, avant de repartir à Paris.  Ai Kano invite dans un univers ou le présent se mêle au passé, et ou les rêves ne sont plus les élixirs de la réalité, puisqu’ils s ‘y sont mêlés. À la manière des oeuvres de Maurits Cornelis Escher, les bijoux AICANON explorent l’infini et se transforment au grès des corps. 24 carats, d’hypnose, d’imagination et d’animalité.

 

 

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